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Portrait de Philippe Simon

Publié le 15/07/2001 / Catégorie: Portrait

Les familiers de notre site connaissent bien les textes que Philippe Simon consacre au cinéma belge, de préférence documentaire ou qui se fait dans les marges de la production courante. Notre collaborateur réalise également des films. Après Sans réserve (l'Amérique des Indiens) dont nous avons rendu compte, Philippe Simon s'est tourné vers l'Asie. Parti au début de cette année avec Johan van Den Eynde en Irian Jaya (Papouasie occidentale), après des repérages effectués l'an passé, Philippe Simon a entrepris de réaliser un film (une co-production Underworld Films/CBA) sur les Papous dont la civilisation pré-industrielle le fascine. Nous avons appris qu'il était retenu parmi eux avec son compagnon de voyage et nous souhaitons qu'ils puissent revenir monter le film le plus tôt possible. En attendant son retour parmi nous, nous avons demandé à Dominique Loreau, son associée dans Underworld Films, de nous parler de son projet.

 

Un marcheur impénitent

On a l'habitude que Philippe Simon soit en train de marcher quelque part dans le monde, de préférence dans un endroit inaccessible, le moins touché possible par la civilisation, que ce soit en Chine, au Laos, en Amazonie, en Papouasie... De temps en temps, ses amis reçoivent une carte ou une lettre disant que tout va bien. On ne s'inquiète pas, on sait qu¹il est capable de se tirer de toutes les situations avec humour. Et quand il revient, il raconte, ou écrit. Cette fois, il est parti, début mai, avec son ami Johan pour faire un film, le Grand Nulle Part, sur leur marche dans les hautes terres sauvages de l'Irian Jaya et sur leur rencontre avec les Papous qui y vivent. Philippe aime marcher. Pour lui, la marche est, comme il l'écrit dans le dossier du film : " invention du monde, qui transforme le marcheur et l'amène à pénétrer des lieux où, s'il veut continuer d'avancer, son point de vue doit changer, où, s'il veut survivre, il doit abdiquer sa volonté de dominer les éléments et les autres êtres vivants pour réapprendre qu'il fait corps avec eux ". Je ne connais les Papous que pour avoir vu les beaux films documentaires de Bob Connolly, mais Philippe et Johan, eux, les connaissaient bien. Ils les avaient rencontrés plusieurs fois dans les hautes terres, et avaient été émerveillés. Et puis on apprend, début juin, qu'il se sont faits enlever au milieu des hautes terres par un mouvement de libération des Papous (O.P.M.). Leur marche s'est arrêtée. Ce qui est paradoxal, en apparence du moins, dans cet enlèvement, et qui rend la situation très complexe, c'est qu'ils se font séquestrer non pas par des ennemis, mais par des " amis " qui les avaient sous la main pour faire pression sur le gouvernement indonésien et faire parler d'eux. Ce qui devait être rencontre libre s'est transformé en prise d'otages avec tout ce que cela suppose malgré tout de violence. L'Irian Jaya fait partie de l'Indonésie. Les Papous qui y vivent revendiquent leur autonomie. Leur cause est sûrement juste mais leurs revendications d'autonomie sont jugées inacceptables par les Indonésiens. Voilà où nous en sommes. Cela peut durer longtemps. Le Ministère des Affaires Etrangères belge a envoyé un chargé d¹affaires en Irian Jaya pour négocier avec les autorités indonésiennes et les Papous. Je suis inquiète parce que tout ça peut se terminer très bien mais aussi se terminer très mal. Que pouvons-nous faire, nous qui sommes si loin ? Pour l'instant, tant que les négociations sont en cours, écrire pour faire part de notre inquiétude au Ministère des Affaires Etrangères, à Louis Michel. Vous pouvez aussi consulter le site www.thejakartapost.com, le journal indonésien qui semble le mieux informé sur cet enlèvement.
On aimerait voir Philippe et Johan revenir, si possible avec un film.

Dominique Loreau

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