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Poulet-Poulet de Damien Chemin

Publié le 01/06/2005 par Jean-Michel Vlaeminckx / Catégorie: Critique

Ce n’est pas un thriller contrairement à ce que le titre pourrait laisser croire. Non c’est mieux, c’est un film qui ne s’embarrasse d’aucun autre code sinon celui de la croyance dans la magie du cinéma. Et comment ne pas être fascinés par cette échange à propos du menu d’un repas pris dans un restaurant chinois qui malgré « le bon sens » de chacun des protagonistes du couple dégénère petit à petit en querelle.

Poulet-Poulet de Damien Chemin

Tout le monde connaît ces engrenages fatals, où l’on essaie d’appuyer sur la pédale pour éviter d’être happés par la spirale du malentendu. Rien à faire : lorsque le mécanisme s’enclenche, on a beau essayer de se rattraper, on ne fait que s’enfoncer davantage dans le malentendu. « Tu prends quoi poussin ? » demande l’homme. « La marmite piquante sans les champignons ? » suggère sa compagne. Et, lui d’enchaîner : « Moi je la prend avec des champignons ». « Dommage : on aurait pu faire poulet-poulet ». « On n’est pas obligé de faire super-original »... Le casse-tête chinois à la sauce aigre-douce commence.

 

Le grand art de Damien Chemin, qui ne fait que confirmer l’engouement que nous avions pour Comptine et Rendez-vous, est de jouer sur le sous texte. Il laisse le pulsionnel (immaîtrisable) se manifester en sourdine. Le couple essaye de le maîtriser. La chaîne action-réaction a un non-dit qui intéresse le réalisateur.

 

L’important pour lui n’est pas seulement ce qui se dit mais ce qui se censure inconsciemment. Ce n’est pas neuf par rapport à Rendez-vous mais dans Poulet-Poulet, Damien Chemin condense son propos dans une sorte de huis clos avec une mise en scène appropriée au sujet, faite d’une alternance de champs contre-champs. On se garde de vous préciser la chute. Le réalisateur aime les contre-pieds.

 

Signalons l’excellente direction d’acteurs, le ton juste de ceux-ci (Marilyn Canto, Antoine Chappey et Huang Zhang) et le remarquable travail sur la couleur restituant l’atmosphère ocre-rouge des restaurants asiatiques. On est loin de la couleur « blanche » réaliste de beaucoup des films utilisant le support numérique Il est vrai que l’utilisation de la HD Viper Thomson facilite ce travail sur la couleur.

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