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Rencontre avec les organisatrices du 5è Festival Are You Series de Bruxelles.

Publié le 06/12/2017 par David Hainaut / Catégorie: Entrevue

L'idée de lancer à Bozar le premier festival de séries en Belgique s'est imposé à nous.

Depuis quatre ans, la Belgique compte avec le festival Are You Series un événement bilingue exclusivement dédié au genre. Un rendez-vous chapeauté à Bruxelles par Bozar et qui, d'année en année, étoffe son menu.
Rencontre avec son trio organisationnel, composé de Juliette Duret, Laure Hendrix et Pascale Valcke. Elles évoquent cette cinquième édition, en profitant pour faire un point sur ce festival, qui se tient du 14 au19 décembre.

Cinergie : C'est bien pour combler un manque dans notre paysage que vous est venue l'idée de créer le premier festival dédié aux séries ?
Juliette Duret : Oui, mais il y avait aussi l'envie pour Bozar de prendre une place dans le cinéma et les festivals. Non pas pour créer une concurrence superflue, mais pour proposer une offre différente. Donc, en marge de la naissance à Paris du festival Séries Mania et de l'importance prise par les séries depuis une décennie, le thème s'est presque imposé à nous ! Car les séries abordent les problématiques sociétales de manière plus frontale que le cinéma, et elles réussissent à fédérer le plus grand nombre. Comme institution publique dédiée au cinéma, nous trouvions le lien avec le septième art évident. Et c'est vrai, nous sommes le seul du genre en Belgique, même si les festivals de Gand et de Namur commencent à intégrer les séries...

 

Juliette Duret

 

Laure Hendrix :...et c'est valable pour les grands festivals internationaux de cinéma, comme Berlin, Cannes ou Toronto. C'est en fait un marché neuf et donc très ouvert. Il offre une multitude de nouvelles possibilités de collaborations.

C. : Parce qu'aussi, aux quatre coins du monde, les frontières entre cinéma et séries sont en train de tomber ?
J.D. : Oui, mais tout en se maintenant aussi ! La manière dont une série se consomme reste différente de celle d'un film. C'est plutôt un autre chemin, une autre proposition artistique et un autre rythme. Avec les séries, on est dans la longueur, on n'accompagne pas un mais plusieurs personnages, et l'identification est plus rapide, selon moi.
L.H. : Oui, en fait, les séries et les films se recoupent. C'est juste la manière de les regarder qui diffère. Il n'y a pas, voire plus, de concurrence entre les deux. Les séries bousculent même le cinéma positivement !

C. : Vous avez surgi à un moment où, côté francophone, est né le Fonds Wallonie-Bruxelles-RTBF dédié aux séries. Un hasard ?
J.D. : Oui, c'est un pur concours de circonstances ! Mais c'est bien la preuve que quelque chose devait se passer en Belgique à ce niveau. Même si quand ce vaste processus a été lancé, avec La Trêve puis Ennemi Public, personne n'y croyait vraiment...
L.H.: ...et les producteurs belges y vont encore un peu avec des pieds de plomb vu les budgets encore limités. Mais à terme, cela s'ouvrira. Une fois que ce fonds, qui est une véritable pépinière de talents, aura trouvé sa stabilité, selon moi.

 

Laure Hendrix

 

C. : Cette année, le programme d'Are You Series compte une journée de plus et s'étoffe encore un peu plus. Preuve de votre ambition ?
Laure Hendrix : Oui! Malgré notre jeunesse, on veille vraiment à la qualité du programme. On sent même qu'on devient déjà une plateforme de référence pour la série européenne. Et cela tombe bien, car on a envie d'être un vivier créatif à travers ce nouvel écosystème. Et puis, pour le public, l'avantage est que toutes les projections sont gratuites !

C. : Excepté pour la websérie que vous imbriquez à votre menu cette année, il n'y a pas de compétition. Pourquoi ?
L.H. : Car notre idée de base était avant tout de montrer des séries et de créer des rencontres. On a commencé avec trois fois rien ! Mais là, comme le festival grandit, puisqu'on attire en moyenne quatre mille spectateurs et que nous nouons de nouveaux partenariats, la question se posera à un moment. Nous lançons en effet une première compétition de webséries internationales en guise de test, pour laquelle concourra d'ailleurs une belge, La Théorie du Y.

C: Quels sont les autres temps forts du festival?
L.H. : Le festival s'ouvre avec The Same Sky d'Oliver Hirschbiegel (La Chute). Puis, il y aura l'intégrale de Kingdom de Lars Von Trier et Paris Etc, la première série de Zabou Breitman. Nous aurons ensuite The Bridge 4 en première belge, The Deuce (David Simon) produite par HBO, Guerilla (John Ridley) et la deuxième saison de la série flamande Salamander, vendue à la BBC et aux USA. J'épinglerais aussi la série belge Lucas etc, dédiée aux jeunes. En marge, nous organisons des activités et des rencontres professionnelles, dont un atelier qui permettra aux producteurs et aux scénaristes belges de se croiser. Nous avons aussi l'envie que ce soit un grand moment festif de fin d'année !

C. : Vous réussissez déjà à accueillir des invités de renom. Grâce à quelque chose d'autre que votre force de conviction ?
L.H. : Oui, grâce aussi à l'attrait de Bozar qui, comme plus grand centre d'art en Belgique, reste une solide référence, qui donne une légitimité incontestable à l'événement. Nous considérons qu'un festival de séries, ce n'est pas juste quelque chose de pop culturel : on mise sur des choix avec des qualités de mise en scène et en variant les genres. C'est aussi ça, je crois, qui séduit dans notre proposition. Les ministres Alda Greoli et Sven Gatz seront aussi au rendez-vous, notamment pour dresser un bilan des séries belges, en faisant un comparatif entre le nord et le sud du pays. Mais je laisse conclure ma collègue Pascale, en charge, elle, de la partie flamande...


Pascale Valcke

 

Pascale Valcke : En Flandre, on le sait, il y a une industrie de séries en place depuis bien longtemps, alors que du côté francophone, elle naît à peine. Les néerlandophones n'ont pas vraiment besoin d’un festival pour diffuser leurs séries, qui sont connues et fonctionnent depuis longtemps auprès du public. En revanche, l'industrie en Flandre doit penser à son avenir, et dans cette optique, la vitrine du festival peut être intéressante. Tant au niveau national, en dénichant de nouveaux talents, même francophones, qu'à l'international, au nouant de nouvelles collaborations. Tout cela est positif pour le festival, car nous existons aussi pour favoriser des ponts entre nos deux communautés !

http://www.bozar.be/fr/activities/128580-are-you-series

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