Avec Respire, récemment récompensé du prix coup de coeur VOO-BeTV au festival Le court en dit long, Paul Vincent de Lestrade plonge dans le monde de l'athlétisme féminin autour du personnage de Nina, jeune athlète à qui la défection d'une de ses camarades ouvre des portes soudaines.
En perpétuelle tension, le film emporte son spectateur dans les instants d'une jeune protagoniste a priori simple, mais campée par une actrice puissante au jeu éminemment complexe et qui semble s'être jetée corps et âme dans le rôle. Florine Boninsegna incarne en effet Nina avec une physicalité impressionnante dans les différentes séquences d'entraînement et de course qui ponctuent l'œuvre, au rythme de plus en plus soutenu. Par son regard, elle habite chacun des plans qui lui sont offerts par la caméra avisée du cinéaste, et insuffle ainsi une énergie folle dans cette spirale d'abandon de soi pour l'amour du sport, jusqu'au déchirement.
Le film s'embarrasse peu de mots, là n'est pas le propos. Les répliques sont courtes, laconiques, cinglantes. En lieu et place de bande son, c'est la respiration des personnages qui donne le tempo du film, par une captation très bien dosée de cette ambiance si particulière de la course. Entre les échauffements, les moments de doute et les moments de grâce, le souffle de Nina cadence l'action, tantôt rassurant, tantôt annonciateur de la descente aux enfers de la protagoniste.
"Faudra toujours performer, sans ça t'existe pas". Réplique somme d'un film puissamment mené par ce jeune cinéaste prometteur, transcendé par la prestation surprenante d'une actrice vivant son rôle et aussi déterminée que son personnage, aussi captive de la piste que de sa solitude.
