Révolution de Xavier Diskeuve
La routine se traduit souvent par un ensemble de petites choses qui se répètent inlassablement sans qu’on y prête la moindre attention. C’est peut-être la caractéristique du travail dit « de fonctionnaire » lorsque celui-ci est sanctionné, en plus, d’un morne ennui tant dans la tâche que dans l’objectif de la tâche. L’Encodeur fait plus que probablement partie d’un groupe à risque. À la fois, rien n’entrave le travail de celui qui a répété et répété mille fois les mêmes gestes au point d’être dans un lit tout autant métronomiquement actif qu’à la cantine où chaque geste trouve une banane, un couvert et autres victuailles à une place bien spécifique.
L’Encodeur, appelons-le Jean-Louis par exemple, mais ce pourrait être Albert, cela n’y changerait rien, peut être soutenu dans sa tâche ardue par sa femme. Celle-ci manipule avec le même soin son couteau à tartine, précise avec le même engouement le lieu d’atterrissage des petits pois, de la saucisse et de la purée dans l’assiette.
Lorsqu’un jour, un grain de sable de la taille d’un échevelé vient perturber le quotidien morose de Gaston sur son lieu de travail, il en perd ses repères. Et tant qu’il y est, il se pose aussi des questions sur lui-même. Grâce à ce drôle de catalyseur, il peut enfin envisager une nouvelle vie. Et là aussi, il pourra compter sur sa femme.
Illustration de Gwendoline Clossais