Kinshasa, 1959. Ou plutôt Léopoldville, encore sous domination belge à la veille de l’indépendance. Dans cette capitale en ébullition, Daniel — incarné par Fally Ipupa, dans son tout premier rôle au cinéma — est photographe dans un club de rumba très prisé, où il immortalise les nuits les plus électriques de la ville. Lorsque sa petite amie est retrouvée morte, il devient le principal suspect. Pour prouver son innocence, il devra affronter un système colonial oppressant, échos des combats menés par les résistants et résistantes de l’époque.
Rumba Royale de Yohane Dean Lengol et Hamed Mobasser

Inspiré par l’esthétique de Jean Depara, photographe nocturne du Léopoldville des années 1950-1960, Rumba Royale rend hommage à la fois à la photographie en plein essor et à la rumba congolaise, aujourd’hui inscrite au Patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO (2021). Coréalisé par Yohane Dean Lengol et Hamed Mobasser, le film plonge dans une période charnière de l’histoire de la République démocratique du Congo. Dans ce contexte tendu, nourri d’alliances fragiles et de trahisons, la musique devient un refuge pour beaucoup de Kinois et de Kinoises en quête de liberté. Même les colonisateurs ne résistent pas aux rythmes hypnotiques de la rumba et se mêlent volontiers aux Congolais et Congolaises dans ces clubs dansants où les frontières sociales s’effritent.
Rumba Royale s’attaque à plusieurs enjeux majeurs de l’époque : la résistance incarnée par l’ABAKO, mouvement devenu parti politique ayant propulsé Joseph Kasa-Vubu au rang de premier président du pays ; la condition des évolués, cette élite formée à l’européenne ; ou encore le destin souvent tragique des enfants métis, parfois arrachés par leur père européen ou abandonnés dans des institutions religieuses ou des orphelinats. Si l’on peut regretter la rareté des scènes extérieures, qui limitent la représentation du Léopoldville de la fin des années 1950, les séquences en intérieur, elles, plongent au cœur d’un club vibrant, animé par un véritable orchestre. Le comédien Henoc Kyomba, qui assure le chant, interprète des compositions originales inspirées de la rumba d’époque. « Je voulais que cette musique soit célébrée dignement à l’écran », explique le coréalisateur Yohane Dean Lengol. « J’ai donc transmis des morceaux historiques avec lesquels j’ai grandi aux jeunes musiciens du film afin qu’ils s’en inspirent. Ils ont ensuite créé des titres spécialement pour l’orchestre, interprétés par le chanteur. » Réunissant un casting international où figure notamment l’humoriste Cécile Djunga, le film marque également les débuts au cinéma du “roi de la rumba” Fally Ipupa.
Rumba Royale entame une tournée d’avant-première en présence de l’équipe, avec une étape à Bruxelles ce 10 décembre 2025, à l’Auditorium 2000.









