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S’appauvrir d' Yves Dorme

Publié le 11/06/2021 par Marine Bernard / Catégorie: Critique

Le système économique de la Belgique est défaillant. Englué dans la crise sanitaire actuelle, ce pays, si riche pourtant, connaît un taux de pauvreté sans précédent. En effet, s’ils étaient déjà problématiques depuis un certain temps, les derniers chiffres annoncent une descente fulgurante dont nous ne connaissons pas encore l’issue. La pauvreté a changé, elle a pris d’autres formes, elle est plus complexe et touche plus de couches de la société. Voyant leurs droits fondamentaux se disloquer, de plus en plus de populations, fatiguées et démunies, ne parviennent plus à rêver à une vie décente. La détresse est profonde et pèse lourdement sur leurs épaules.

S’appauvrir d' Yves Dorme

Le documentaire S’appauvrir montre l’amplitude de cette vague. Il pointe sans détour les manquements de notre structure capitaliste en allant chercher les informations à la source, au plus proche des citoyens. Par l’intermédiaire de différents intervenants, des acteurs de terrain, ceux des entités fédérées ou encore d’organes indépendants en Wallonie et à Bruxelles, il montre à quel point cette nouvelle réalité est anxiogène et renforce les inégalités. D’un bout à l’autre, ils démontent le fonctionnement de notre pays, se confient sur leur quotidien mais proposent également des ébauches de solutions pour lutter contre cette situation de crise. Tous affirment que les solutions proposées par le gouvernement ne viennent que panser superficiellement une faille structurelle qui ne pourra pas se résorber à long terme. Des actes qui ne font que déplacer le problème sans jamais le prendre de front. En conséquence, ces intervenants sont asphyxiés par la quantité grandissante de cas à gérer, tiraillés par les pressions venant de toutes parts. Or, selon eux, pour qu’ils puissent intervenir au mieux, la précarité des populations doit redevenir une responsabilité collective. Ce point de départ est incontournable et nécessaire pour entrevoir enfin un avenir florissant.

Si ce documentaire nous met face à une réalité étouffante et oppressante, Yves Dorme ne joue pas pour autant la carte du fatalisme et de la résignation. Il semble faire écho au film Le Prix du Pain qu’il avait réalisé en 2012 à l’occasion de la journée internationale de la lutte contre la pauvreté et dans lequel il dressait quatre portraits de la pauvreté en Belgique sans prétention, ni jugement. Ici encore, Yves Dorme ne se place pas dans la position du moralisateur, il nous donne à voir une situation aberrante sur laquelle il faut agir indiscutablement.

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