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Seule la mer de David S Prudhomme

Publié le 27/09/2021 par Bertrand Gevart / Catégorie: Critique

Sélectionné pour la compétition nationale au Brussel Short Film Festival, le film de David S Prudhomme nous transmet, avec finesse, la nostalgie qui peut rassembler deux êtres. Sur la plage de la mer du Nord, Nico et Greg se retrouvent. Leurs mots sont ponctués de silence et de rancœur. Les deux frères vivent un drame familial qui les arrache à leur quotidien déjà tumultueux.

 
Seule la mer de David S Prudhomme

C’est tout d’abord sur le bruit de la houle, le son d’une mer qui pousse un vaste cri, que le film commence. Un homme marche, seul, lentement, hagard et perdu, soucieux et mélancolique. La caméra ne cesse de s’approcher de lui, encore et encore, comme pour scruter à l'intérieur, ses sentiments, son âme. Dans une esthétique très naturelle, le réalisateur David S Prudhomme installe immédiatement le mystère. Que fait cet homme ? Qu’attend-il ? Où va-t-il ?

 

Au loin, sur le sable de la mer du Nord, un deuxième homme entre dans le champ. Il s’agit de son frère qu’il n’a plus vu depuis longtemps. À deux, ils ravivent des moments douloureux, des souvenirs sur ce lieu qu’ils semblent connaître si bien. Alors Nico et Greg commencent à démêler les mots, parfois en s’aidant de la musique, parfois en récitant un texte, ou en convoquant la voix de celle qui n’est plus, à l’aide d’un vieux magnéto. À mesure des mots sourds ou percutants, le conflit surgit et les remords enfouis finissent par exploser.

 

Le dispositif qui consiste à alterner en gros plan les deux personnages, l’écriture très juste et les acteurs qui parviennent à jouer sur la retenue, la tension et le lâcher prise, confèrent au film une profonde poésie accentuée par la présence-absence d’une voix enregistrée, celle à qui l’on a pas osé parler et qui n'est plus là. Finalement, ce qui les rapproche se concentre autour des moments faibles de la vie qu’ils partagent, les moments dans lesquels nous ne sommes pas à la hauteur, les moments où l’on nous attend sans jamais que l’on vienne, les moments où l’on se mure dans un silence trop familier.

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