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Sida d'ici et de là-bas de Pierre-Yves Vandeweerd

Publié le 01/10/1998 par Dimitra Bouras / Catégorie: Critique

Prix TV5 du meilleur documentaire francophone et Prix de la Fondation Bruno Mersch - décernés dans le cadre du Festival International du Film Francophone de Namur, 1998 -, Sida d'ici et de là-bas met en scène deux femmes, membres d'associations militantes pour la défense des droits des séropositifs et la conscientisation sur les dangers de contamination, veuves de maris séropositifs et toutes deux atteintes par le virus depuis plus de dix ans.

Sida d'ici et de là-bas de Pierre-Yves Vandeweerd

L'une, Isabelle, habite la Belgique, l'autre, Maman Aline, le Congo. Elles ne se connaissaient pas mais sont amenées à se rencontrer grâce à Pierre-Yves Vandeweerd, le réalisateur du film. Elles s'écrivent, apprennent à se connaître, échangent leurs angoisses et leurs espoirs. Au fil de ces échanges, le spectateur découvre ces deux femmes, de plus en plus intimement. Elles se dévoilent, en crescendo, dans leurs lettres pour arriver à la rencontre physique. Moment émouvant, clôturant le film.

Fait de parallélismes et de raccords sur des plans qui soulignent la similitude et l'échange de points de vue, le film est construit à l'image de cette rencontre. Le montage nous permet de découvrir le milieu de vie, l'entourage de chacune des deux malades - leur action, l'une se bat avec Act Up en Belgique, l'autre explique aux enfants des écoles de Kinshasa les mécanismes de transmission du virus et la nécessité de s'en protéger - et le contexte médical de chacune d'entre elles ; l'une subit la lourdeur de la tri-thérapie, suivie d'une quadri-thérapie (arrivant à prendre près de cinquante médicaments par jour), l'autre recourt à l'alliance de la médecine traditionnelle et de la médecine des blancs dont les médicaments font cruellement défaut en Afrique.

Isabelle vit seule avec ses deux chats, elle ne travaille plus, son entourage se limite à ses compagnons de lutte. Maman Aline est mère de trois jeunes enfants à qui elle apprend à devenir autonomes pour les préparer à sa disparition prochaine, elle est enseignante dans un institut et initiatrice d'une association pour le soutien des veuves du sida.
Ces deux femmes sont tellement unies dans la lutte acharnée qu'elles mènent contre leur virus, qu'elles se connaissaient comme mère et fille avant même de s'être vues.
On voit l'arrivée d'Isabelle au Congo, en route pour la maison de Maman Aline, et l'attente de cette dernière, impatiente, inquiète même.

Et là où le film se termine, commence une autre histoire, celles de deux femmes si proches qu'elles ne redoutent plus rien.

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