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Sortie DVD de Home Sweet Home

Publié le 01/11/2005 par Jean-Michel Vlaeminckx / Catégorie: Sortie DVD

Le film

Home Sweet Home, co-scénarisé avec Rudolph Pauli, est une comédie pleine de verve qui conte les aventures d’un troisième âge agité par les directives intempestives de la directrice d’une maison de retraite.

Jules, profitant de l’arrivée de Flore, une « nouvelle », entraîne ses amis, indisciplinés et frondeurs à son image, dans une expédition contre la société de consommation et contre l’ennui que distille une institution réglée comme du papier à musique. Jules, le meneur de la bande, fugue en compagnie de deux admiratrices en Tunisie. Ramené de force et menacé de renvoi, il entraîne les autres pensionnaires qui, réfugiés sur les toits, bombardent la police par solidarité.Film truculent, drôle, qui pratique la « zwanze » avec naturel, comme monsieur Jourdain le fait avec la prose, le film se veut et est libertaire. Benoît Lamy, en vieux complice des entartements de Le Gloupier qu’il a filmés plus d’une fois, aime la provoc. Le film, qui a recueilli pas moins de 14 prix internationaux, a été restauré par le Studio l’Equipe à l’aide de l’Archangel.

 

Bonus

Un sac plein de malices entoure le premier opus de Benoît Lamy. Outre trois courts métrages, Bow, Stam café et Pot Pourri (inspirés par Anne Petersen et son groupe Honger en Dorst), vous trouverez un entretienavec Philippe Reynaert dans lequel le réalisateur de Jambon d’Ardenne retrace son itinéraire. Il parle de sa rencontre décisive avec Jacques Perrin à Rome (comédien et co-producteur du film) pour le montage de Home Sweet Home, un film qui voulait « parler des vieux d’une façon flamboyante ». Ce qui, au début des années septante du siècle dernier, était loin d’être évident (la génération de mai 68 avait vingt ans). « L’esprit du film c’est le poing levé » nous confie-t-il. Quant à la musique, on apprend que Benoît voulait qu’elle soit le contraire de la musique pour vieux. Donc, point de cordes ou de clavier, de piano ou clavecin mais des corps de chasse et une parodie de la Brabançonne. En somme, la musique définit parfaitement l’esprit du film.

 

 

Benoît Lamy © JMV

 

 

Benoît Lamy

Seul Bémol : le changement du titre lors de la sortie parisienne, La Fête à Jules. Non, ce n’est pas une blague ! Michel Baudour, chef opérateur du film, apparaît avec la caméra qui servit à réaliser le film et nous apprend qu’il travaillait (ce qui était neuf à l’époque) en alternance caméra à l’épaule et en caméra fixe sur pied. Comme Benoît Lamy, il est davantage intéressé par les comédiens afin que l’émotion de ceux-ci soit aussi vraie que possible, plutôt que par la beauté du cadre. Jacques Perrin nous confie qu’en ayant assez d’être sur un plateau, sans responsabilité en tant qu’acteur, il s’est lancé dans la production pour permettre à ses amis cinéastes de travailler. Choix judicieux puisque Z de Costa-Gavras a cartonné d’emblée. Il conçoit son travail de producteur comme un jeu, un plaisir.

 

Il se souvient du tournage de Home Sweet Home et de l’art bonhomme avec lequel Benoît Lamy préparait son film dans une atmosphère de franche camaraderie et d’émotion. Le pouvoir du cinéma, ce qui lui permet de s’imprimer dans la mémoire, c’est l’émotion.Surtout, Jacques Perrin nous dit n’éprouver aucun intérêt pour le cousu main. Il ne pense pas comme certains producteurs que s’il se démarque, les gens ne le suivront pas. « Comme si on aimait que ce qui a déjà été fait !  Il n’y a pas de sujets difficiles. Si on arrive à leur trouver la forme adéquate, tous les films sont destinés au grand public ».

 

Claude Jade, qui interprète l’infirmière du home, garde un joli souvenir de l’enthousiasme des comédiens et non comédiens avec lesquels elle jouait. Suzanna Rossberg, scripte et assistante monteuse sur le film, a été contactée par Jacqueline Pierreux. Elle se souvient avoir rencontré Benoît Lamy lorsqu’il était assistant de Il pleut dans ma maison, un film réalisé par Pierre Laroche. L’ambiance du tournage était détendue. La preuve en est fournie par l’épisode des mousses au chocolat. S’agissant d’un accessoire du film, on ne pouvait pas les manger. D’où l’organisation d’un concours pour qui en absorberait le plus. Henri Morelle (son) a remporté le challenge…sans tomber malade.Pour Jacqueline Pierreux, la productrice de Pierre Films, Home Sweet Home est son deuxième long métrage. Sa jeune maison de production s’engagea dans un long métrage que tout le monde en Belgique refusait de financer. Mais à l’époque, un sujet sur les vieux détonnait. C’est ce qui lui plaisait. « J’ai marché tout de suite. Le tournage a été joyeux avec les vieux, il y avait beaucoup de figurants. Tous les jours, des bouteilles de vin disparaissaient », confie-t-elle.

 

Le film ayant obtenu le Prix du Jury au Festival de Moscou qui, à cette époque était un festival important, a obtenu une large audience.Tous ces entretiens ont été conduits par Mathieu Reynaert sauf celui de Rudolph Pauli, le co-scénariste qui est l’œuvre de Robbe de Herdt. Rudolph Pauli nous apprend que le premier titre du film n’était autre que Traité du savoir vivre à l’usage des vieilles générations. Un titre qui reste un sous-titre.

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