Décédé le 15 avril 2008
Pour faire joli
Cinéma, cinéma...
1995, 100 ans de cinéma.
"Happy Birthday to us...", aurait pu chanter Marilyn Monroe.
1995, j'ai juste cinquante ans, et ma maison de production, vingt-cinq ans.
Les anniversaires me collent à la peau - l'un d'eux fut l'incident déclencheur de ma rage à vouloir immortaliser par l'image les événements tragi-comiques qui m'ont marqué.
1950. J'ai tout juste cinq ans, et mes trois frères, six, sept et huit ans. Nous fêtons les trente ans de ma mère. Impatients, nous l'attendons. Le cadeau ? Un tourne-disque. Nous le dénichons et le plaçons au milieu du salon, puis, pour faire joli, nous déposons le gâteau sur la platine. Allumage des bougies. Pour faire encore plus fête, nous enclenchons le moteur. La platine tourne, passe de 33 à 78 tours : c'est féerique. Bruit à la porte d'entrée : nous filons tous accueillir ma mère dans le hall. Embrassades, détours à la cuisine, au bureau... Impatients, nous lançons notre "Happy Birthday to you..." et poussons notre mère au salon où scintille le plus bel effet : une torche de feu tournoie et virevolte, embrasant la table ! Ma mère vacille et s'effondre. Je suis émerveillé : c'est encore plus beau que l'incendie de forêt qui m'a fait pleurer la veille, au cinéma, dans Bambi ! Tous feux éteints, ma mère se remet de toutes ses émotions. Sa première réaction : "C'était à filmer ! ". Mon émotion, plus forte qu'au cinéma, retournait au cinéma. Réflexe pavlovien aidant, j'obtins à huit ans un 8 mm amateur, ma première caméra !