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Souvenir de Jasper Vrancken et Bert Aeles

Publié le 24/04/2023 par Grégory Cavinato / Catégorie: Critique

Contagion

Evert (Willem Herbots), 20 ans, et son père, Mark (Johan Knuts), 54 ans, ont vu leur mère et épouse, Rita, succomber à une maladie incurable il y a un an. Mark vit très mal cette disparition et un épuisement constant inexplicable le submerge. Il dort beaucoup, mange très peu, maigrit à vue d’œil et n’est plus que l’ombre de lui-même. Simple dépression due au deuil ? Pas vraiment : quelque chose ne tourne pas rond dans la maison familiale. Quelque chose de sinistre qui, lentement mais sûrement, prend le contrôle sur les deux hommes.

Souvenir de Jasper Vrancken et Bert Aeles

Il y a d’abord cette étrange tâche noire qui apparait, puis grossit dans la nuque du père. Et puis il y a cette babiole qu’Evert découvre et qu’il n’avait jamais vue dans la maison : une mystérieuse statuette roumaine représentant une femme avec un trou à la place du visage. Bientôt, Evert est possédé lui aussi par ce mal inconnu.

Tout en ambiance mortifère, ce court métrage de 21 minutes codirigé par le réalisateur de Muil prend un postulat de départ classique à la « Body Snatchers » pour aborder la question du deuil et de l’apathie par la métaphore. Ce laisser-aller qui tourne au cancer est-il contagieux ? Est-il possible de le combattre ? Ou est-il déjà trop tard ? 

En montrant l’apathie, la nostalgie et le repli sur soi comme des maux qui se propagent rapidement, faisant des hommes des esclaves qui abandonnent leur libre arbitre, les coréalisateurs signent un constat universel et très actuel. Développé en long métrage, Souvenir donnerait, à n’en point douter, un film fantastique mémorable et dans l’air du temps, dans la lignée atmosphérique et thématique des films envoûtants que Peter Weir signait dans les années 70.

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