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Tranche de campagne d'Hannah Letaïf

Publié le 31/03/2016 par Fred Arends / Catégorie: Critique

La Bête humaine

Un pique-nique familial devient un champ de massacre ravageur et déstabilisant et cette partie de campagne est l'occasion pour la réalisatrice de livrer un pamphlet radical et outrancier contre l'élevage industriel.

Tranche de campagne d'Hannah LetaïfSur une musique digne de l'émission « Trente Millions d'amis » (volée à celle du film Le Professionnel signée Ennio Morricone), l'ouverture nous dévoile une bête à tête humaine gambadant gentiment nue dans la prairie. Le soleil brille sur la campagne. Une famille d'animaux se trouve un endroit plaisant pour pique-niquer. À proximité, la bête broute paisiblement. L'ambiance bucolique de ce déjeuner sur l'herbe vire au carnage lorsque l'appel de la viande devient trop insurmontable. Pour son quatrième court-métrage, la réalisatrice trace un film limite. En inversant les rôles (les animaux sont les bourreaux, les humains la « viande à pattes »), elle reprend un procédé classique mais qui fonctionne ici pleinement. Si la caricature est volontairement appuyée et parfois peu subtile, notamment dans sa description d'une famille de beaufs absolus (le prénom du fils, la moustache du père ou encore le singlet et les poils sous les bras de l'oncle-coq), le trait dessiné, lui, est fin, comme réalisé au bic. Parsemé d'humour noir (les déjà fameuses « tranches de fesses »), cette critique acerbe d'un mode de consommation barbare devrait en gêner certain-e-s, surtout lors du final assez gore et définitivement incorrect.

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