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Une femme prêtre, la passion selon Myra de Marie Mandy

Publié le 07/11/2019 par Nastasja Caneve / Catégorie: Critique

L’autel pour toutes

Une femme prêtre ? Oxymore pour certains. A-t-on déjà vu une femme revêtir l’habit dans nos églises catholiques ? Elles ne courent pas les rues… Tout simplement parce que, selon le code de droit canonique de 1983, « seul un homme baptisé reçoit validement l’ordination sacrée ». Et Jean-Paul II d’ajouter : « l’ordination sacerdotale, par laquelle est transmise la charge, confiée par le Christ à ses Apôtres, d’enseigner, de sanctifier et de gouverner les fidèles, a toujours été, dans l’Église catholique depuis l’origine, exclusivement réservée à des hommes ». Il y a comme quelque chose qui cloche… Un chouia d’inégalité dans l’air, non ? Des femmes se soulèvent et décident de défier l’Église. Parmi elles, Myra Brown. Un parcours de la combattante mis en lumière par la réalisatrice belge Marie Mandy dans Une femme prêtre, la passion selon Myra diffusé le 14 novembre prochain dans le cadre de DOC SHOT sur La Une.

 

Une femme prêtre, la passion selon Myra de Marie Mandy

50 ans, 3 enfants, chanteuse hors pair de Negro-spirituals, Myra se prépare à être ordonnée prêtre à Rochester dans l’Etat de New-York, au sein de Spiritus Christi, une petite communauté catholique qui fait fi des dictats du Vatican depuis longtemps. Sur son parcours de combattante, Myra a reçu non seulement du soutien de sa famille, de ses amis et des fidèles, du curé de cette église, depuis longtemps une femme mais aussi de nombreuses oppositions. Un changement de vocation qui n’est pas passé inaperçu dans les médias…

Un documentaire qui tombe à pic. C’est que le sujet est brûlant. Le mouvement prend de l’ampleur. Il s’agit de rétablir l’équilibre. En Irlande, l’ouverture du diaconat faisait débat il y a quelques jours. L’ancienne présidente, Mary McAleese, fervente catholique, lutte ardemment contre le sexisme au sein de l’institution religieuse, une manière pour elle de palier la désertion du séminaire national. Les prêtres se font vieux, les nouveaux candidats manquent à l’appel, il faut du sang neuf. C’est ici qu’interviennent ces femmes qui commencent à pointer le bout de leur nez, peu importe la pression.

Dans son documentaire, Marie Mandy suit Myra, une femme proche du peuple. Elle écoute ses fidèles, les conseille, prend des nouvelles. C’est souvent le profil de ces femmes prêtres, des personnes investies dans l’aide à la communauté qui ont travaillé toute leur vie dans des associations venant en aide aux plus démunis et aux malades. Myra est aussi une femme proche des femmes, les liens se resserrent, les confessions se font plus naturelles.

Pour Myra, comme pour les autres, c’est une véritable vocation. Soutenues par l’association catholique des femmes prêtres, un mouvement international qui prêche l’égalité des sexes dans la religion, elles ont réussi à se frayer un chemin. On en compte aujourd’hui quelques centaines dans le monde, guère plus. Une ordination qui n’est pas reconnue par le Vatican qui excommunie ces « sorcières des temps modernes ». Les mentalités restent obtuses. Et, certains ne sont pas prêts. La route de ces femmes est semée d’embûches mais elles ont raison de persévérer pour une église plus juste, plus représentative de notre société, plus ouverte, plus adaptée à notre monde.

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