Une part du ciel de Bénédicte Liénard
La réalisatrice Bénédicte Liènard passe de l'usine à la prison, de Joanna et ses compagnes à Claudine et ses camarades de travail avec une telle fluidité dans les raccords qu'il arrive parfois qu'on confonde les deux endroits. Deux lieux d'enfermement avec un encadrement tout aussi paternaliste. La grande réussite d'Une part du ciel est sa mise en scène, qui donne aux interprètes l'occasion d'être dans un entre-deux du jeu, dans la fiction d'une réalité qui est aussi la réalité d'une fiction. Bénédicte Liénard enregistre les gestes, se contente de montrer sans démontrer cette terrible solitude que ressentent les prisonnières du temps de cellule et du temps de travail, dans le silence des chaînes (fabrique) et des cellules (prison) : " Comment filmer cette solitude ? ", se demande-t-elle ? Une part du ciel est un film singulier. Bénédicte Liénard, sa réalisatrice (qui a animé un atelier d'expression en milieu carcéral) pose un regard qui va à l'essentiel sans distraire le spectateur. Un film qui se voit et qui s'éprouve.