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Vesper de Kristina Buozyte & Bruno Samper

Publié le 06/09/2022 par Malko Douglas Tolley / Catégorie: Critique

Le second long-métrage de Kristina Buožytė et Bruno Samper, après Vanishing Waves (2012), est une coproduction belgo-franco-lituanienne. Ce projet ambitieux est une dystopie distribuée par The Searchers, dont la post-production s’est entièrement déroulée en Belgique. Présenté comme film d’ouverture du BIFFF 2022, Vesper est une production européenne qui n’a pas grand-chose à envier aux grosses productions hollywoodiennes sans pour autant tomber dans le piège du basique film d’action futuriste post apocalyptique.

 

 

Vesper de Kristina Buozyte & Bruno Samper

« We don't need no education. We don't need no thought control. No dark sarcasm in the classroom. Teacher, leave them kids alone » ont entonné le duo de réalisateur sur la scène du BIFFF lors de la présentation du film, comme le veut la tradition (ndlr : les invités du BIFFF sont encouragés à chanter une chanson par le public dans ce festival de cinéma de genre et fantastique). Ce choix de cet extrait de la chanson « Another Brick In The Wall » de Pink Floyd n’est pas anodin puisque l’intrigue met en scène la jeune Vesper, ado surdouée qui maîtrise la biologie synthétique des plantes comme personne d’autre sur cette terre dévastée par le désastre écologique que l’Humanité n’a pu prévenir.

Malheureusement pour elle, cet enfant prodige ne fait pas partie de la caste des puissants qui habite dans la Citadelle. Elle vit seule dans une cabane au milieu de la forêt et maintient son père en vie en travaillant pour son oncle Jonas, une sorte de mercenaire qui exploite des enfants dans le cadre d’un commerce de sang avec la citadelle. Dans ce monde où les riches contrôlent les pauvres à l’aide de robots et de vaisseaux dignes de Star Wars, il existe également une nouvelle espèce mi-humaine mi-robot, les « JUG ».

Afin de lutter contre la pénurie de nourriture et d’arriver à fertiliser les précieuses graines de la vie qui ne germent plus, Vesper va lutter contre la communauté d’enfants sauvages sous le joug de son oncle. Loin de mettre l’accent sur les combats et l’action, même si quelques scènes sont d’une violence extrême, ce long-métrage propose une ambiance unique qui n’est pas sans rappeler « La cité des enfants perdus » de Jean-Pierre Jeunet. Que ce soit le décor fantastique des forêts lituaniennes ou la nature tantôt délicate tantôt hostile de ce monde fantasmagorique, la claque visuelle de ce film fantastique plonge le public dans un rêve ou plutôt dans un cauchemar qui fait écho aux défis climatiques actuels.

Si le rythme est lent et qu’il s’agit d’un film de dialogues plus que d’un film d’action, l’histoire est prenante et l’intrigue suffisamment bien ficelée pour intéresser jusqu’au dénouement final. Plus qu’un simple film écolo, Vesper est une fable sur les privilèges de classe et le joug de certaines couches de la population sur d’autres ainsi que sur l’exploitation des enfants par des trafiquants. Comme souvent, le pas entre la réalité et la fiction est ténu et ce projet n’échappe pas à cette règle.

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