Cinergie.be

Viscéral de Sumeya Kokten

Publié le 16/11/2022 par Malko Douglas Tolley / Catégorie: Critique

Sumeya Kokten en est à son sixième long-métrage depuis le succès inattendu de Sens Interdits (2007). Comme souvent avec ses films, l’histoire inspirée de faits réels met en scène la communauté belgo-turque ainsi que Bruxelles et Istanbul. Viscéral est un thriller dont la principale force est son sujet qui ne peut laisser personne indifférent : le trafic d’organes par des bandes organisées.

Viscéral de Sumeya Kokten

Le casting de ce long-métrage se compose d’une tête bien connue de la télévision turque en la personne de Burak Hakki. Julie Bézin se glisse dans la peau d’une mère désespérée et prête à tout pour sauver son fils. Il est malheureusement difficile de ressentir de l’attachement pour ce personnage aux choix radicaux. Shark Carrera, bien connu pour le succès de la pièce de théâtre Djihad, peine à convaincre totalement. Il apporte néanmoins une touche supplémentaire de punch et de dynamisme à ce thriller dramatique.

Si le don et le trafic d’organes d’enfants sont des sujets puissants qui ouvrent la porte à une histoire complexe entre les mafias bruxelloises et stambouliotes, les dialogues un peu trop clichés ainsi que le surjeu de certains acteurs pénalisent cette intrigue qui contient, malgré tout, quelques climax.

Gros bémol, la qualité visuelle n’était pas au rendez-vous lors de la diffusion du film au cinéma Kinépolis de Bruxelles, avec notamment une image étirée, légèrement floue et non adaptée à un écran incurvé. Quelques soucis de son ont également été constatés en fin de projection ainsi que de nombreuses fautes dans les sous-titres en français. Il est dès lors difficile de juger pleinement de la qualité technique du film dans ces conditions.

Trop linéaire et prévisible, tout l’intérêt du film repose finalement sur les émotions suscitées par les atrocités successives qui se produisent à l’écran envers des victimes innocentes. Si l’effet fonctionne brièvement à certains moments et que la brutalité de certaines scènes est l’une de ses qualités principales, c’est dans l’empathie provoquée par le papa d’un petit garçon victime du trafic que réside la principale réussite du film. La trame consiste plus à une succession de situations chronologiques qu’à une histoire aux ramages complexes. Un refus de don d’organe conduit une mère à réaliser l’impensable pour sauver son fils et la pousse à entrer en contact avec la mafia dans le cadre d’un trafic d’organes.

Il y a tout de même quelques jolis plans pris avec des drones, que ce soit à Bruxelles ou à Istanbul. Le scénario aurait probablement gagné à aborder plus longuement la vie de cette mère et de son fils. D’autant plus que la succession des séquences ne laisse à aucun moment entrevoir une lueur d’espoir ou un horizon optimiste auquel le spectateur pourrait se raccrocher.

Malgré le budget réduit et la démarche très singulière et « indépendante » de cette réalisatrice, on espérait un long-métrage plus abouti et de meilleures conditions de diffusion en salles. Le film sera à l’affiche en Turquie au printemps prochain.

Tout à propos de: