Cinergie.be

ZUT Zones Urgentes à Transformer

Publié le 30/09/2022 par Malko Douglas Tolley / Catégorie: Critique

François de Saint-Georges a suivi pendant de nombreux mois les habitants de Fernelmont. Son documentaire ZUT - Zones Urgentes à Transformer, qui a gagné le Prix Alimenterre 2022 de SOS Faim, explique de manière simple et cohérente les grands enjeux alimentaires globaux.

ZUT Zones Urgentes à Transformer

La clé de voûte de ce film poignant est la désobéissance citoyenne d’un groupe de personnes face au déni des autorités locales et européennes. Leur action soulève la question des exportations de pesticides interdits, mais également le rôle majeur de la Belgique dans ce commerce toxique et dangereux pour l’humanité, pour notre santé et celle des nouvelles générations. Le portrait de Marie-Thérèse, l’une des principales protagonistes de ce récit, dévoile l’histoire de la longue altération de l’environnement par les produits chimiques. À travers des anecdotes, c’est le droit à la vie saine qui est questionné. La pulvérisation intensive des champs a des répercussions sérieuses sur les personnes qui vivent autour des zones concernées. Dans un premier temps, cette habitante n’a pas réussi à mettre en évidence l’augmentation inquiétante des cancers dans son village face au discours unilatéral du pouvoir politique. Loin d’abandonner son combat, elle redouble d’efforts pour mobiliser des scientifiques afin d’approfondir les études dans sa région.

La personnalité de Marie-Thérèse confère une dimension affective inattendue à cette lutte qui, si elle est connue de tous ou presque désormais, est encore ostracisée par beaucoup. Alors que l’Union européenne a mis quinze ans pour faire interdire les perturbateurs endocriniens, en Belgique, le mancozèbe est le pesticide qui a été le plus largement répandu jusqu’en 2020. A la base de nombreuses pathologies (malformations génitales, obésité, etc.), les études portées par ce documentaire révèlent que les agriculteurs utilisaient jusqu’à 1000 kilos de ce produit par année. Mais ce qui est également dénoncé, c’est que des dérogations continuent à l’autoriser malgré son interdiction et ses effets néfastes avérés. Le gouvernement belge a, dès son interdiction, autorisé son utilisation pour 120 jours, ce qui correspond à la saison des cultures. Pourquoi ? Car la pomme de terre Bintje est très sensible et qu’il faut ces produits pour en cultiver en grande quantité pour produire les frites qui font notre fierté nationale…