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Robbe De Hert

Robbe De Hert

Décédé le 24/08/2000

Métier : Réalisateur

Date de naissance 20/09/1942

Galerie photos

Filmographie

La guerre de Gaston

La guerre de Gaston

Réalisateur(-trice)
fiction
1997
 
Babel - Lettre à mes amis restés en Belgique

Babel - Lettre à mes amis restés en Belgique

Comédien(ne)
docu-fiction
1991
 
Filasse de Sichem

Filasse de Sichem

Réalisateur(-trice)
fiction
1980
 

1971 : Mort d'un homme-sandwich (documentaire)

1973 : Camera Sutra

1977 : Autant en emporte l'argent (Gejaagd door de Winst)

1980 : De Witte van Sichem d’après Ernest Claes

1981 : Le Filet américain

1982 : Maria Danneels of Het leven dat we droomden

1984 : Zware Jongens

1986 : Henry Storck, témoin du réel

1988 : Trouble in Paradise avec Alexandra Vandernoot

1989 : Blueberry Hill avec Ronny Coutteure

1995 : Brylcream Boulevard

1997 : Elixir d'Anvers

1997 : Gaston's War avec Sylvia Kristel et Jean-Marie Buchet

2000 : Lijmen/Het been

Le déclic...

Robbe De Hert

Trop belge


En réponse à votre question "Pourquoi fais-je du cinéma ?", je respire profondément, je soupire et je réponds que je n'en sais plus rien, aujourd'hui.
Mon intérêt pour le cinéma est pourtant venu par hasard. A l'âge de sept ans, j'avais le choix entre la énième visite à ma grand-mère à l'hôpital ou le cinéma. Dans l'obscurité de la salle, j'ai découvert un nouveau monde, plein de fantaisie, loin des soucis et du chagrin.
Entre-temps, la réalité a dépassé le rêve.
Quatre jours avant le début du tournage de mon prochain film (le premier après six ans et demi), le chef photo, le chef électro, le responsable du son et le maquilleur et d'autres encore sont licenciés parce que la RTBF (éventuel co-producteur) pose des exigences exagérées. Il faut noter que la RTBF est (était) le seul organisme francophone qui avait marqué un intérêt pour notre projet.
Indépendamment du fait que, en général, mon cinéma est considéré comme "trop facile", "to easy to meet the eye" (and what's wrong about that ?), les commissions du film wallonne (1) et luxembourgeoise ont donné un avis "médiocre" sur la moralité de Brylcream Boulevard, tandis que "Paris", à une exception près (2), n'a même pas réagi. Le cinéma français est tellement présomptueux et suffisant qu'il se détruit lui-même. Ceci n'est pas dit à la légère : au congrès de l'A.R.P. (Beaune 94), j'ai pu constater que personne n'a osé réagir contre l'amateurisme et la merde de l'Ange Noir, une absurdité comme tant d'autres qui démontre clairement combien le cinéma français s'enlise dans sa propre invraisemblance.(3) Pour leur propre déchéance, les Français n'ont pas besoin des Américains.
Nos voisins du Nord font également problème : grâce à l'appui d'un bureau d'artistes bien connu, un certain nombre de rôles importants sont toujours inoccupés, les télévisions et les producteurs néerlandais réagissant négativement parce qu'à leur avis le projet est "trop belge". Tout le monde parle de l'Europe et de l'union européenne, mais un simple projet qui a fait ses preuves, tel que Brylcream Boulevard, (la suite de Blueberry Hill, le film d'ouverture des journées cinématographiques néerlandaises, en septembre 1989) a été pratiquement repoussé suite à l'ingérence de diverses institutions et conceptions.
Le lendemain de l'annonce de la nomination de Farinelli aux Oscars, une reproduction en quadrichromie de l'affiche du film paraissait en première page du journal De Morgen. Le jour où un journal wallon, français ou néerlandais fera la même chose (cf. Daens) sera marqué d'une pierre blanche et nous nous serons rapprochés du but. Car ceci est essentiel : en Europe, on ne connaît pas ses voisins et ne parlons donc pas de ceux qui se trouvent à 1500 km.
Tout le monde sait que nous devons unir nos forces, mais personne n'est prêt à faire la moindre concession (4). Surtout pas les grands. Et aujourd'hui vous me demandez pourquoi je fais du cinéma ?

Robbe De Hert