Un rêve inaccessible
Quand j'étais petit garçon, mes parents m'emmenaient une fois par semaine au cinéma dans les salles Astoria et Eska à Merksem. Pour moi, le jour du cinéma était un jour de fête. Je vis ainsi tous les films qui passèrent dans mon cinéma de quartier. Je voyais donc plus ou moins cinquante films par an (américains, allemands, français). Je vivais une véritable fascination pour l'image, le son, tout ce qui se rapportait au phénomène.
Vers l'âge de dix ou douze ans, j'allais au cinéma deux fois par semaine et prenais des notes. Je notais mes impressions, avec plus de pour que de contre car j'étais enthousiaste, même pour les moins bons ou les mauvais films.
C'est à ce moment que l'idée lointaine de faire du cinéma m'est apparue, même si j'ignorais tout de la manière dont un film pouvait se réaliser. C'était un rêve inaccessible.
Dans les années 47-48, je suis devenu critique de cinéma et mes articles furent publiés dans divers journaux.
J'ai fondé un ciné-club à Anvers où je présentais des grands classiques comme ceux d'Eisenstein, de Buñuel et des films belges, comme ceux de Storck et de Dekeukeleire.
Un grand souvenir fut la projection du Jour se lève de Carné où André Bazin est venu nous présenter le film. Il analysait des séquences entières : des heures inoubliables.
A ce moment-là, l'amour du cinéma déjà ancré en moi s'est développé. Le rêve devenait plus réaliste, concret.
La BRT est apparue et la télévision flamande me demanda de faire une critique hebdomadaire lors de la sortie des films en salles. J'avais là une relation directe avec le métier.
Le contact était possible. Je me décidai, en 53-54, à faire mon premier film, un long métrage.
Le choix de ma carrière a été déterminé par la fascination de cet événement magique qu'est le cinéma.