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Le cinéma flamand perd son parrain: Roland Verhavert

Publié le 07/08/2014 par Marceau Verhaeghe / Catégorie: Hommage

Le 29 juillet, le réalisateur flamand Roland Verhavert est décédé à 87 ans, chez lui, d'une crise cardiaque.

Ayant principalement exercé ses talents en Flandre et sans doute moins connu dans la partie sud du pays, Verhavert n'en reste pas moins un des pionniers du cinéma belge et un de ceux qui ont le plus puissamment aidé à l'essor d'un cinéma flamand.

A peine sorti de l'école, il co-signe avec Rik Kuipers et Ivo Michiels De meeuwen sterven in de haven (Les mouettes meurent au port), l'un des films les plus importants du cinéma belge des années 1950. Totalement imprégné de l'esthétisme de son époque, ce film aux tendances expressionnistes revisitées  à la façon des films noirs de l'après guerre est une des premières œuvres marquantes d'un cinéma spécifiquement flamand et revendiqué comme tel. Verhavert se consacre ensuite à la critique de cinéma tout en continuant à réaliser des films documentaires ou musicaux et dès le début des années 60, des dramatiques télévisuelles. Il entame en effet à ce moment une collaboration avec la BRT (devenue VRT) qu'il poursuivra jusqu'à sa retraite. Le succès de téléfilms comme De Lieutenant ou de films comme Het afscheid (Les adieux) lui assurent  la crédibilité et l'aura qui lui permettront, dans les années 70, de prendre la barre de plus grosses productions, avec une toute autre ambition, et de devenir celui qu'on appelle aujourd'hui en Flandre 'De Peetvader' (le parrain) du cinéma flamand.

A cette époque, au nord, l'heure est à la célébration de l'âme flamande, et à l'exaltation de l'esprit de résistance pu petit peuple face aux oppresseurs, nobles et bourgeois de tous acabits. De nombreux films sont mis en chantier sur ce thème, adaptant au cinéma les grands classiques de la littérature flamande du XIXème et des débuts du XXème siècle. Verhavert est l'un des réalisateurs les plus actifs de ce mouvement.  Des films comme Rolande met de bles (chronique d'une passion), De Loteling (Le conscrit), Pallieter, Brugge die stille (Bruges la morte), constituent en Flandre et aux Pays-Bas autant de succès populaires qui aideront puissamment le cinéma flamand à trouver son public.

Sans cesser de tourner, il passe également à la production, donnant leur chance à des réalisateurs de la 'nouvelle' génération, comme Robbe De Hert dont il produit l'adaptation du Witte van Sichem en 1980.

Roland Verhavert reste actif comme réalisateur et signe notamment, en 1989, le monumental De Boerenpsalm  qualifié par la critique de "Heimat flamand", mais c'est surtout avec des téléfilms et séries TV qu'il reste actif jusqu'en 1993, lorsqu'il prend la décision de se retirer progressivement. Il se consacrera ensuite au combat des droits d'auteurs en devenant un des administrateurs de la SABAM. Son œuvre sera couronnée en 2012 par le prix du mérite décerné par l'association des critiques flamands de films, un prix qui lui sera remis par ses amis Robbe de Hert et Harry Kümel.

Pour l'avoir croisé comme journaliste, nous gardons le souvenir d'un homme modeste et d'une extrême courtoisie. A l'occasion de son décès, Cinergie.be rend hommage à un pionnier qui a rendu le cinéma flamand populaire en sachant lier son cinéma à l'âme et à la culture de son peuple et qui a beaucoup compté dans la formation des deux dernières générations de cinéastes flamands. Nous adressons toutes nos condoléances à sa famille et à ses amis.

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