Ce court-métrage remarquable revient avec force sur la mort scandaleuse de Semira Adamu en 1998 et met à nu sans fioritures les politiques terrifiantes mises en place en Belgique en matière d'immigration.
A l'usage des vivants de Pauline Fonsny
Une femme noire de dos lit différents témoignages sur les conditions de détention des personnes demandeuses d’asile en attente d'une décision sur leur sort. Avec une économie de moyens et le travelling latéral comme élément fondamental de sa mise en scène, la réalisatrice raconte la solitude, l'enfermement, l'isolement et la confrontation avec les autres, autres langues, autres cultures, autres attentes. A partir d'un travail méticuleux et puissant réalisé avec des maquettes, se déroule l'historique de la criminalisation des migrant.e.s, de la construction de la zone 127 en 1988 jusqu'à la mise en place d'unités familiales d’enfermement en 2018, politique d'emprisonnement et d'exclusion de la société censés accueillir ces personnes dont le crime est de ne pas posséder de papier. La dernière partie établit la chronologie d'un assassinat, celui de Semira Adamu étouffée avec un coussin par une dizaine de policiers lors de son expulsion du territoire. Une femme noire attachée tuée par des hommes blancs, incarnations du pouvoir et de la domination occidentale. Sur des images d'archives en vidéo, on redécouvre son visage, la peur et le refus d'être traitée comme un objet sans valeur. Images bouleversantes et miroir sans concessions de nos valeurs aujourd’hui dévoyées.
En compétition au BSFF :https://bsff.be/programme/edition-2020/competition-nationale/