Le nouveau film des frères Guit, Aimer perdre, dresse un portrait saisissant d'une jeune femme désorientée, cleptomane et accro aux jeux d'argent, évoluant dans les rues de Bruxelles. Ce film d'auteur, ancré dans un réalisme cru, oscille entre l'absurde, le drôle et le dérangeant. Avec son ton caustique et son approche immersive, cette œuvre singulière ne manquera pas de surprendre et de marquer les esprits. Un véritable ovni cinématographique à découvrir absolument.
Aimer perdre, des frères Guit - 2024
L’originalité et le talent des frères Guit, révélés dans Fils de plouc (2021), ne sont plus à prouver, et Aimer perdre vient confirmer avec brio leur univers déjanté, mais profondément engagé. Ce long-métrage nous plonge dans un monde absurde, tout en conservant un regard acéré sur la société et ses travers.
Si les premières images et le style de mise en scène peuvent décontenancer, ce parti pris artistique confère au film une étonnante véracité. Ce réalisme troublant nous pousse à croire que, malgré son aspect surréaliste, l’histoire d’Armande Pigeon pourrait bel et bien trouver écho dans la réalité.
Au cœur du récit, Armande Pigeon, reine de la manipulation et de l’arnaque, révèle progressivement ses multiples facettes. Intrigante et touchante au départ, elle finit par irriter par son égoïsme et sa cruauté, surtout envers ceux qui l’entourent. Ce personnage complexe, incarné à merveille par Maria Cavalier-Bazan, nous entraîne dans un tourbillon d’émotions contrastées. Les frères Guit, à travers ce portrait fascinant et dérangeant, jouent avec nos perceptions, nous faisant osciller entre empathie et rejet.
Si l’on pouvait croire assister à l’histoire d’un cas social isolé, Aimer perdre dévoile en réalité le malaise profond d’une partie de la jeunesse, notamment celle des jeunes artistes. À travers des dialogues incisifs, le film met en lumière la difficulté de trouver sa place, que ce soit professionnellement ou amoureusement, pour ceux qui ne correspondent pas aux attentes de la société de consommation et ne rentrent pas dans les clous.
Les frères Guit, accompagnés de leur comédienne, ont marqué le Festival International du Film Francophone (FIFF) de Namur par leur présence lors de la présentation de leur nouveau film. Ce duo de réalisateurs, en pleine ascension, s'illustre par leur capacité à aborder des critiques sociétales avec un humour décalé et une approche absurde. Leur œuvre, à la fois, indécente et caustique, s'impose comme une véritable curiosité dans le paysage cinématographique. Ce film est, à n’en pas douter, une des belles surprises cinématographiques de cette fin d'année.