Chiennes de vies de Xavier Seron

Il y a d’abord le cas de Tom (Jean-Jacques Rausin), un loser timide et sans grande personnalité, désespérément amoureux de sa voisine Cécile (Mara Taquin) et qui, suite au décès de son voisin de l’appartement du dessus, hérite d’un chihuahua aztèque, Mezcal. Une minuscule bestiole a priori inoffensive, au regard hypnotisant. Son nouveau propriétaire se persuade vite, suite à une série de catastrophes, que l’animal est maléfique et veut lui faire la peau. Le mini-toutou aurait-il poussé son précédent maître au suicide ?

Nous faisons ensuite la connaissance de Greta Lugosi (Aurora Marion), un mannequin superstar, égérie d’une grande marque de parfum, qui, suite au décès de Sophie, son shih tzu vénéré, passé sous les roues d’un bus en même temps que son assistante, engage une nouvelle assistante, Charlotte (Ninon Borsei), dont elle est persuadée qu’elle est la réincarnation du défunt animal. Il faut dire que la ressemblance est frappante ! La pauvre est dès lors condamnée à être traitée… comme un chien par sa patronne. Or, lorsqu’un nouveau chien - un vrai cette fois - Rodolphe, entre dans la vie de Greta, Charlotte est laissée de côté. Mais, la malédiction (à base de salive canine) étant déjà en marche, Greta ne court-elle pas un grave danger ?

Enfin, nous nous penchons sur le cas de Franck (Arieh Worthalter), vigile dans un grand magasin, un peu connard sur les bords, qui vit sur le canapé de sa sœur et a une passion bruyante pour les nunchakus. Dépressif et pénible, Franck va devoir choisir entre Lola (Louise Manteau), son nouvel amour, une infirmière kleptomane, et Perdita, sa meilleure amie et le meilleur des chiens ! Perdita, en effet, peut prédire l’avenir… Or, amour et amitié canine ne font pas toujours bon ménage. Lola déteste les chiens et prend immédiatement Perdita en grippe. Le jour où une énorme tique se retrouve sur la jambe de Lola, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Acculé, Franck va devoir faire un choix…

Entre comédie absurde, fantastique et drame sentimental, avec une pointe de cruauté envers les animaux pour faire bonne mesure (un chihuahua innocent massacré avec une guitare), Chiennes de vie bénéficie du style très personnel de Seron : noir et blanc d’une grande beauté, musique classique (l’Ave Maria) qui envahit le score, foisonnement d’images surréalistes, troupe d’acteurs fidèles… Certes, comme dans la plupart des films à sketches, certains segments s’avèrent bien meilleurs que d’autres. Ici, Seron commence par le meilleur pour terminer par le plus faible. Mais ne boudons pas notre plaisir : Chiennes de vie est une proposition suffisamment hilarante, originale, voire un peu émouvante, pour nous inciter, juste après la séance, à abandonner nos meilleurs amis sur une aire d’autoroute !