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Divinations de Sarah Vanagt

Publié le 13/10/2020 par Bertrand Gevart / Catégorie: Critique

Dans ce film réalisé collectivement avec des enfants de Bruxelles, Sarajevo et Athènes, Sarah Vanagt consigne un carnet de route dans lequel, à l’aide de ruban adhésif, elle prélève une empreinte de chaque ville nous renseignant sur l’habiter, l’écologie et l’avenir. Un court-métrage documentaire aux allures expérimentales et prophétiques.

Des ombres sombres, des traces monumentales, des éclaboussures éparses jaillissent dans le cadre. Les premiers plans de Divinations nous rappellent les expérimentations sur pellicule à la Brakhage. La voix off d’enfants les accompagne et nous transmet des histoires à propos de l’avenir, comme cet enfant qui nous dit : « Un grand tyran viendra et forcera tout le monde à faire quelque chose comme bannir tout le monde du pays ». Soudain, nous quittons ces plans au microscope et la réalisatrice nous laisse entrevoir le processus par lequel elle projette la matière accrochée au ruban adhésif.

Le film de Sarah Vanagt est un film qui produit une pensée sur le monde et la manière de l’habiter à l’aide de la micro-histoire, elle s’intéresse et glane les détails invisibles du monde avec les enfants, récolte les déchets, l’insignifiant, pour l’exposer à nos yeux et lui redonner une place dans le cadre et dans le monde. En ce sens, le film est ponctué de vues subjectives dans lesquelles un enfant tient et déploie le ruban adhésif et tente de lui trouver un espace.

Sur le plan esthétique, le film oscille entre des cadres fixes filmant la projection de la matière qui se meut à l’aide de la lanterne magique et une caméra embarquée au style direct, assurant la frontière entre le dedans et le dehors. Le film propose aussi une réflexion sur le cinéma, comme pouvoir de raconter des histoires, de prédire l’avenir. 

Quelque part, entre Bruxelles, Athènes et Sarajevo, Divinations se feuillette comme un album-souvenir de ce qui compose le monde, des choses auxquelles notre regard ne prête pas attention et qui pourtant disent « quelque chose » sur notre façon de vivre. En les collant sur du ruban adhésif, et en les proposant à notre regard, les enfants leur redonnent une place. Ils déchiffrent le monde à partir du présent à l’aide de traces anciennes.

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