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Federico d'Ambrosio - Charbon

Publié le 09/02/2011 par Dimitra Bouras / Catégorie: Entrevue

Les Italiens du bassin liégeois, l'histoire de trois générations

Un jour, un homme venu du sud de l'Italie, des Pouilles, débarque dans les mines liégeoises. Nous en sommes en 1948. Près de trente ans plus tard, en 1976, son petit-fils naît à Montegnée, le versant qui fait face à Seraing. Federico, troisième génération de l'immigration italienne, connaît un parcours scolaire chaotique, se retrouve en professionnel, apprenti plombier et pète les plombs. Heureusement, on lui trouve, in extremis, une école à la mesure de ce qu'il ose espérer : l'école de photo de St Luc à Bruxelles. Federico revit. Après le secondaire, il entre à l'IAD, section image. Là, il découvre le film de Paul Meyer, Déjà s'envole la fleur maigre, et n'en croit pas ses yeux. Il découvre l'histoire de son grand-père, l'histoire de l'immigration italienne d'après-guerre, l'industrialisation du bassin minier et sidérurgique de Liège. En 2001, commence sa carrière de technicien : machino, éclairagiste, cadreur, chef op’. Pendant ce temps, les derniers jardinets travaillés par les « Ritals » de la région commencent à disparaître, son grand-père tombe malade. L'idée que son grand-père risque de partir bientôt et, avec lui, la genèse de sa vie à lui, Federico et de bien d'autres, le hante. Il y a urgence. Il reçoit une caméra de Dérives (atelier de production des Dardenne), il filme de-ci, de-là, entre deux tournages. De 2003 à 2005, il accumule 50 heures de rushes. Marika Piedboeuf, scripte chez les frères, se propose de monter le film avec lui. Le montage s'étalera sur deux ans, il faut qu'ils soient tous deux libres, que la salle de montage du WIP soit disponible. Mais il fallait bien ça pour que Federico accepte de laisser tomber de la matière, et se détache de l'affection qu'il porte à son film. Après, tout s'enchaîne jusqu'à l'aboutissement, le 27 juin 2010. Avant-première d'un film de 50 minutes pour les amis de la profession qui ont donné un coup de main, et quelques autres personnes. Le film plaît, le Nova le demande, les Grignoux le passe à Liège. La communauté italienne, invitée à le découvrir, l'adopte. Elle y reconnaît sans doute ses 60 années d'histoire, depuis l'arrivée des grands-parents, le vécu des parents, et enfin l'actualité de la troisième génération.

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