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In Albania de Loredana Bianconi

Publié le 08/11/2011 par Edith Mahieux / Catégorie: Critique

Avec In Albania, Loredana Bianconi nous propose un voyage à travers les collines arides du pays des aigles. Ses mouvements de caméra, empreints de douceur, et ses plans aiguisés révèlent la beauté de cette terre pourtant dévastée.
Tout au long de sa route qui s’étend de Tiaran à Durres, en passant par Berat, Shköder, Ballsh et Vlore, la cinéaste belgo-italienne retrace l’histoire de l’Albanie au XXème. Elle croise les vestiges du passé éparpillés dans le paysage. On reconnaît des blockhaus sur la plage, des monuments à la gloire du communisme d’Enver Hoxha sur les places des villages, ou encore l’épave d’un paquebot dans le port du Durres qui rappelle les bateaux de tous ceux qui ont fui à partir de 1991.
La réussite de la cinéaste est de nous présenter un portrait tout en retenue où destins individuels et destinée nationale sont mêlés. Elle se tient à l’écart de son sujet car elle ne cherche pas à dire quelque chose sur ce pays. Au contraire, elle recueille la parole des habitants, et laisse enfin s’exprimer ceux qui ont été si longtemps tenus à l’écart du reste du monde. Et si à travers leurs témoignages, les difficultés traversées sont criantes, elles restent exprimées avec pudeur et dignité.
On peut pourtant regretter que le contexte historique ne soit pas plus explicité. Le spectateur devine, mais il lui manque des éléments pour bien cerner le passé de cette république balkanique. Et c’est là qu’on se rend compte que la démarche de Loredana de nous faire découvrir l’Albanie est importante : cette terre à la lisière de l’Europe Occidentale, dont les côtes sont visibles de l’Italie, reste une énigme pour beaucoup d’Européens.
Cinéaste de l’échange et du lien, Bianconi nous invite à construire des ponts entre ce pays et les nôtres afin de mieux comprendre aussi ceux qui ont émigré chez nous.
Docteur ès arts de l’université de Bologne, Loredana Bianconi s’intéresse depuis longtemps aux questions de l’émigration comme le montrent ses documentaires La Mina (1989) ou encore La Vie autrement (2005). Dans son dernier film, elle poursuit son travail d’investigation et va plus loin : aux sources même de cette émigration.


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