Tu ne tueras point
Dans leur précédent long-métrage, Luc et Jean-Pierre Dardenne affirmaient un peu plus un virage déjà amorcé avec Deux jours, une nuit. À l’écran, un individu venait percuter de plein fouet une communauté déchirée par des problématiques sociales et politiques, pris dans des suprastructures aliénantes. Si la question sociale était partout au cœur de ce cinéma depuis La Promesse jusqu'au Silence de Lorna, l’individu se débattait avec elle, seul jusqu’à ce qu’une rencontre fasse événement. Ça n’était plus le cas ici. Avec La Fille inconnue, leur cinéma allait encore un peu plus loin. Grâce au principe de contagion, ce personnage de médecin sortait les uns et les autres de leur silence par sa force et ses émotions. Avec leur dernier film, en compétition officielle au Festival de Cannes, ils reviennent à leurs fondamentaux pour traiter, avec beaucoup de finesse, d’un thème brûlant qui aurait pu leur échapper. Le jeune Ahmed est l’un de leurs films les plus épurés, et peut-être déjà, un classique.