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Le Roi de Stefano Ridolfi

Publié le 23/09/2020 par Bertrand Gevart / Catégorie: Critique

Quatre ans après son premier court-métrage Sur Elise, Stefano Ridolfi réalise le court-métrage Le Roi produit par Artémis. Dans cette relation père-fils, nous suivons le parcours d’Antoine, un musicien raté vivant encore chez son père malade, Gabriel, une grande gueule, fan d’Elvis. Gabriel reproche à Antoine ses échecs et sa précarité professionnelle. Quand les conditions de santé de Gabriel s’aggravent, Antoine décide de participer à un concours de sosies d’Elvis, autant pour faire plaisir à son père que pour lui montrer son talent.

 

Le cinéaste arpente une autre relation, cette fois-ci, loin du discours amoureux, et sillonne les heurts et malheurs des liens qui unissent un père et son fils. Alors qu’Antoine ne remplit pas les salles, il tombe sur une affiche de concours de sosie d’Elvis Presley. Mais ce concours sera rapidement le moyen de se rapprocher de son père. Le protagoniste incarne la figure d’un looser magnifique, échouant à chaque étape, se faisant arnaquer, mettant en scène sa fausse victoire au concours pour rassurer son père. Une relation de faux-semblant, de recherche de reconnaissance qui trouvera son apogée lors de l’enterrement du père, vécu comme un drame et un soulagement, comme s’il pouvait commencer à vivre, à assumer son job d’accompagnateur musical d’enterrement. La force du film de Ridolfi réside précisément dans le fait d’envisager la rencontre comme une non rencontre qui éprouve, en dernière instance, l’impossibilité de se séparer de son père. Le seul moment de rapprochement semble être celui de l’annonce de la participation au concours. À l’image et à la mise en scène soignée et pensée s’ajoute une magnifique interprétation des comédiens dépeignant la relation de façon touchante.

Finalement, sous la couverture comique et absurde qui traverse le film, le réalisateur parvient à saisir une relation singulière, rythmée par un passé que l’on devine difficile entre les deux hommes mais laisse transparaître l’espoir d’une vraie rencontre dans l’accompagnement vers la mort.

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