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Les Allumés de la foi de Richard Olivier

Publié le 09/06/2006 par Jean-Michel Vlaeminckx / Catégorie: Critique

 


Entre la représentation de la passion du Christ à Furnes (Flandres), Frère Antoine de Charnay-lès-Mâcon, et Jean-Pierre, le survitaminé du Christ, qu’y a-t-il de commun ?

Le regard de Richard Olivier qui, fasciné par les possédés du Christ qu’une foi aveugle relègue dans les marges de la religion, se penche, caméra à la main, sur ces destins croisés.

Le chemin de croix à Furnes sert de contrepoint à deux personnages singuliers, de ceux que Richard Olivier veut nous faire découvrir : Frère Antoine et Jean-Pierre.

Un pont surplombe une autoroute. Sur la rambarde, Frère Antoine bénit le trafic automobile avec une colombe de la paix dans les mains. Tel est le vaste champ descriptif que nous donne à voir Richard Olivier de ce moine authentique ayant dû quitter l’Abbaye de Cîteaux pour "incompatibilité d’humeur et de règlements" avec ses frères tonsurés. Il y a ceux qui vivent de leur dialogue avec Dieu (Frère Antoine) et ceux qui ne vivent que pour observer les règlements de leur communauté (moines). Frère Antoine, qui vit sa foi dans la pauvreté parmi les démunis, se considère appelé par Dieu depuis l’âge de 6 ou 7 ans.

Sur une plage du Tréport, Jean-Pierre accroche un crucifix sur son dos et nage quelques kilomètres dans la mer. Pénitence ? Goût de l’exploit ? Personnage haut en couleurs, ex-braqueur de banque redistribuant l’argent de ses casses aux plus démunis, tel Robin des bois, Jean-Pierre a fait de Jésus-Christ, son pote. (Grâce à lui, une petite fille atteinte de cécité a pu être opéré et retrouver la vue). Il va de soi que cet athlète de la foi d’une bonne humeur perpétuelle s’il adore le christ n’aime guère le clergé : on le voit en parodier les attributs lors d’un mariage  carnavalesque  à Montmartre.

Les Allumés de la foi est un film qui navigue dans une mer réaliste secouée de vagues romantiques : l’événement présenté sur l’écran l’est avec tout son pouvoir de suggestion émotionnel avant de pouvoir être inséré dans un schéma interprétatif. Un film brûlant comme ses protagonistes qui a le bon goût de tordre le cou au pittoresque.

 

 

 

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