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Où Creuser ? de Sacha Ferbus

Publié le 02/07/2019 par Bertrand Gevart / Catégorie: Critique

Dans cette production MédiaDiffusion (l’Atelier de production de l’IAD), le réalisateur Sacha Ferbus explore les traces oubliées d’un passé récent, celui de la guerre après l’éclatement de la Yougoslavie. Du 6 avril 1992 au 14 décembre 1995, en Bosnie et Herzégovine, la proclamation d’indépendance provoque la guerre. L’armée fédérale yougoslave appuie l’armée serbe de Bosnie dans leur offensive contre les territoires habités par les Bosniaques et les Croates de Bosnie. Une partie de la population musulmane est déportée dans les camps de concentration. Depuis la fin de cette guerre, des équipes de volontaires et d’experts médicaux légaux s’attellent à localiser et excaver les fosses communes dispersées dans l’étendue du pays.

Où Creuser ? de Sacha Ferbus

Quelque chose se passe sous la terre, les pioches jonchent le sol, les mains sont armées de truelles et spatules en tout genre. La poussière est remuée sans cesse, comme un rituel prophétique. Nous ne savons pas où nous nous trouvons ni ce qu'ils cherchent. S’impose soudain à notre regard un explorateur-savant moderne pensant avoir découvert une pyramide ancienne en plein cœur des Balkans. Ce que l’on pensait être une secte devient une communauté de chercheur, des arpenteurs du passé, qui fouillent et se rassemblent chaque année afin de déblayer ce monument pyramidal et profiter de l’énergie positive et réparatrice qu’elle dégagerait. Le film tisse un lien indéfectible entre le passé du lieu et ses charniers, et son présent, fait de croyances mystiques à la recherche de ce qu’ils nomment étrangement « Bovis », une échelle utilisée par les sorciers permettant de mesurer l’énergie. Pendant que certains creusent pour trouver la pyramide et son énergie, d’autres creusent pour trouver les corps. Où creuser lorsque l’on cherche ? En filigrane, le film propose une réflexion sur notre rapport à l’Histoire et ses lieux habités de mémoire. Se dresse alors d'autres monuments, ceux impactés de balles, détruits, saccagés par la guerre. La caméra observe mais cherche également, et fait rejaillir l’histoire de peuples qui s’opposent et ne se mélangent pas, dans lesquels le politique à tout détruit y compris les histoires d’amour.
Un geste cinématographique libérateur qui dépasse les peurs existantes toujours laissées par la guerre au cœur de cette zone. 

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