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Post-Partum de Delphine Noëls, un nouveau-né pour le cinéma belge

Publié le 15/04/2012 par David Hainaut / Catégorie: Tournage

Après deux courts métrages remarqués dans plusieurs festivals, la réalisatrice liégeoise visite une thématique assez rare pour déployer son premier long. Sur lequel nous nous sommes rendus.

Itzig, jolie petite bourgade située à quelques kilomètres de Luxembourg-Ville. C’est dans les vestiaires du petit club de football local que nous avons réussi à retrouver la sympathique équipe de Post-Partum, titre du premier film de Delphine Noëls, qui bouclait, chez nos voisins, son dernier jour de tournage, juste avant de rallier les contrées bretonnes.

Sur le tournage de Pst Partum - Photo Ricardo Vaz PalmaUn film imaginé au… Canada

Entre ses études de philologie orientale et de psychanalyse, la réalisatrice native de Liège et issue de l’INSAS, a connu un parcours assez atypique pour une cinéaste. Remarquée par les professionnels grâce à deux courts-métrages, 1 Clé pour 2 (en 2005) et Ni oui ni nom (en 2007), elle avait déjà imaginé le scénario de ce film depuis plus de dix ans, qui exploite une nouvelle fois la vie d’un couple. « Depuis très longtemps c’est vrai, je voulais raconter l’histoire d’une mère schizophrène avec ses enfants et notamment les rapports difficiles qu’il peut exister entre une mère et sa fille », confie la réalisatrice. « C’est en faisant un stage dans le Grand Nord au Canada que tout s’est emboîté. Mais j’étais persuadée que le film que j’avais en tête, sa construction avec cette thématique-là, serait totalement impossible à produire. Et surtout, que cette histoire n’intéresserait jamais personne. Or, c’est précisément en jouant sur de cette impossibilité-là que le projet a fini par aboutir ! Et bien sûr, grâce à la rencontre déterminante avec Frakas. » La boîte chère à Jean-Yves Roubin qui, pour rappel, a entre autres produit La permission de minuit de Delphine Gleize et Bye Bye Blondie de Virginie Despentes, toujours à l’affiche en ce moment.

Des personnages à s’approprier
Le film évoque le destin de Luce et Ulysse, un jeune couple qui semble s’épanouir dans une petite clinique vétérinaire, située sur la côte Atlantique. Paisible et radieuse, leur existence va être troublée par la naissance de leur petite Rose, dont les incessants pleurs vont complètement perturber Luce, frustrée de ne pas en saisir la raison. Mais Luce est en fait en train de faire face aux mutations familiales et psychiques qui caractérisent la période du post-partum, un moment assez difficile à vivre pour les jeunes mamans qui découvrent leur premier nouveau-né. Elles peuvent alors perdre complètement leurs repères et voir leur environnement familial se déséquilibrer. « En fait, cette histoire n’est pour moi qu’un prétexte pour raconter quelque chose de beaucoup plus fin, de beaucoup plus personnel. La fiction n’est là que pour créer quelque chose en filigrane. Mais j’ai aussi très envie que les spectateurs s’approprient les personnages du film. »

Première belge pour Mélanie Doutey
sur le tournage de Post Partum de Delphine Noels, photo Ricardo Vaz Palma
Fraîche jeune maman dans la vie, Mélanie Doutey (ex-égérie de Claude Chabrol et popularisée par Clara Sheller à la télévision) était l’actrice rêvée pour incarner ce rôle si délicat. « Mélanie est une comédienne époustouflante de créativité. C’est pour moi une rencontre merveilleuse », ajoute celle qui voue une passion à filmer les visages. « Elle parvient à amener le scénario plus loin encore que je l’avais imaginé, alors que son personnage reste assez compliqué à incarner. C’est jouissif de pouvoir diriger quelqu’un de cette trempe, et surtout avec qui je suis en parfaite osmose. Chacune, au final, se nourrit de l’autre. » Une entente cordiale qui s’est confirmée tout au long de notre visite, les deux inséparables jeunes femmes se congratulant sans cesse, à mesure de l’avancement d’un projet à la tonalité pourtant bien dramatique. Car il s’agit d’un drame psychologique virant au thriller. Mais voilà, l’ambiance, sur le plateau, est semble-t-il le fruit de longues et bénéfiques répétitions.
« Delphine aborde son film d’une façon très fine, très psychologique. Ce qui me plaît chez elle, en plus de lui vouer un amour charnel en ce moment (sourire), c’est qu’elle réussit toujours à aller au bout des choses. Elle me donne énormément de confiance et me rassure à tous les niveaux », insiste Mélanie Doutey. « On a toujours envie de l’écouter car elle est d’une précision redoutable. » Une impression d’ailleurs confirmée par tous les techniciens (belges, français, suisses, luxembourgeois…) présents, le tournage jouissant d’un climat particulièrement agréable. « Comme toute première incursion dans le cinéma belge, je ne pouvais pas rêver mieux. Mais j’ai d’abord accepté ce film car le personnage était à mille lieues de ceux que j’avais incarnés jusqu’ici. Pour moi, c’est une évolution importante et évidente dans ma carrière, où j’ai parfois peut-être eu tort d’être trop répétitive. Et je pense qu’à ce moment-ci, j’en avais justement besoin. »

Près de 3 millions d’euros
Bouclé en France donc, le film bénéficiera d’autres noms ronflants au casting, puisque Jalil Lespert - dans le rôle de l’époux - et Françoise Fabian seront de la partie. Parmi nos compatriotes, on épinglera notamment Philippe Grand’Henri (Rundskop) et Pierre Nisse (Au Cul du Loup). Ce film, co-écrit par David Lambert (Hors les murs), est coproduit avec les Productions Balthazar et Juliette Films, avec l’aide duCentre du Cinéma de la Fédération Wallonie Bruxelles, Wallimage, Belgacom, Le Tax Shelter du Gouvernement fédéral belge (en association avec Cinéfinance, Casa Cafka Pictures ) et le FONSPA luxembourgeois.

Photos Copyright : Ricardo Vaz Palma

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