Ce court-métrage réalisé par Baptiste Janon en 2012 surprend par ses qualités artistiques et sa dimension immersive. Telle une petite souris qui observe les dires de taximen travaillant la nuit, le spectateur découvre un monde nocturne de manière originale et authentique, comme s’il était invisible sur la banquette arrière.
Quand est-ce que je les ai vus s'embrasser de Baptiste Janon
Publié le 28/08/2023 par Malko Douglas Tolley / Catégorie: Critique
Les plans choisis, la qualité des images et les éclairages confèrent à ce projet une photographie très léchée et adaptée au sujet. D’un point de vue technique et du placement des caméras, ce film est très bien réalisé.
La narration ainsi que l’ambiance sonore rendent également ce documentaire captivant. L’absence de voix off apporte une dimension supplémentaire aux témoignages recueillis. Les silences en disent parfois plus que les longs discours. Tous les aspects du film renforcent l’immersion dans ce monde étrange des taxis de nuit.
Le projet date déjà d’il y a une dizaine d’années. Les propos tenus par les taximen datent d’une époque qui précède l’avènement de l’ère numérique et de la connectivité permanente. Les smartphones et la 4G n’étaient pas si répandus à ce moment-là. Des affaires comme celle du taximan violeur du Bois de la Cambre ainsi que le mouvement “Balance ton ...” à Bruxelles qui a suivi le mouvement “#Me Too” confèrent également une nouvelle lecture aux propos recueillis, surtout ceux du premier taximan interrogé sur son attirance sexuelle pour ses clientes.
Son histoire de fantasme réalisé avec une jeune femme sur la banquette arrière de son taxi alors qu’elle était éméchée interroge différemment en 2023 qu’en 2012. En voyant ce film, on réalise que notre jugement sur ce type de situation n’est définitivement plus le même que par le passé.
Mais plus que ce récit fantasmé d’une aventure sexuelle éphémère, ce sont les méandres du monde de la nuit bruxellois qui sont exposés à travers le prisme de plusieurs taximen.
