« On ne se mettrait pas à l’eau ? » « A l’eau ? Pourquoi pas à la grenadine tant qu’on y est ? »… C’est en 1999, grâce aux petits spots publicitaires pour la Kriek Belle-Vue qu’il était devenu célèbre dans le rôle de Joss, aux côtés de Thierry De Coster. Ses lunettes rondes, sa bouille dépitée et son éternel petit sourire narquois en avaient fait l’un des seconds rôles les plus reconnaissables et prolifiques du cinéma belge. Né le 12 décembre 1957, Serge Larivière a, selon les mots pudiques de son ami Stefan Liberski, « préféré s’en aller » ce vendredi 21 septembre, à l’âge de 60 ans…
Serge Larivière (1957-2018)
Serge Larivière c’était 36 longs métrages, presque autant de courts et de projets télévisés. Des films ou téléfilms dans lesquels les personnages qu’il incarnait n’étaient bien souvent désignés aux génériques que par leurs professions : « le réceptionniste », « le pharmacien », « le brigadier », « le chauffeur de taxi », « le marchand de frites », « le médecin légiste »… tout ça c’était lui ! L’acteur avait entamé sa carrière au théâtre au début des années 90, dirigé notamment par Joël Pommerat, Benno Besson, Michel Kacelenbogen, Philippe Blasband ou Charlie Degotte. Les premiers rôles sur les planches furent plus nombreux qu’au grand écran. Mais peu importe. Car même lorsqu’il ne s’agissait que d’apparitions éclair, le comédien conférait toujours à ses personnages une part de cette personnalité solaire et tendre qui le caractérisait.
On l’a aperçu dans des dizaines de films belges et français. Citons, en vrac, Max et Bobo de Frédéric Fonteyne, Thomas est Amoureux de Pierre-Paul Renders, Un Honnête Commerçant, La Couleur des Mots et Coquelicots de Philippe Blasband, Petites Misères de Philippe Boon et Laurent Brandenbourger, Hop et Formidable de Dominique Standaert, Quand la Mer Monte de Yolande Moreau et Gilles Porte, Le Couperet de Costa-Gavras, Ultranova de Bouli Lanners, Komma de Martine Doyen, J'ai Toujours Rêvé d'être un Gangster et Chez Gino de Samuel Benchetrit, Les Deux Mondes de Daniel Cohen, Le Silence de Lorna de Luc et Jean-Pierre Dardenne, La Possibilité d’une île de Michel Houellebecq, Séraphine de Martin Provost, La Très Très Grande Entreprise de Pierre Jolivet, Mammuth et Le Grand Soir de Benoît Delépine et Gustave Kervern, La Tête en Friche de Jean Becker, Je suis Supporter du Standard de Riton Liebman, Le Ciel Flamand de Peter Monsaert ou encore Mr. Nobody et Le Tout Nouveau Testament de Jaco Van Dormael. On le retrouvera une dernière fois sur le grand écran dans L’école est finie, de Anne Depétrini.
En juillet dernier, l’acteur, interrogé par la plate-forme belge de promotion culturelle AZ-ZA, déclarait « En France, j'ai toujours été considéré comme inclassable, ce qui a parfois pu me poser préjudice dans ce pays où il faut absolument pouvoir mettre des étiquettes aux acteurs. En Belgique, nous avons ce côté surréaliste. En France, jamais on ne m'aurait proposé de jouer l'amant de Marie Trintignant ! » Malgré sa belle carrière au cinéma, le théâtre conservait une place très importante à ses yeux. « Ce sont deux mondes très étanches, qui ne se connaissent pas. Il y a un côté schizophrène au cinéma, c'est une industrie, il y a beaucoup de fric. Parfois, c'est angoissant. Si je n'avais pas le théâtre entre deux films, je deviendrais fou. »
Ce qui est fou, Serge, c’est d’imaginer qu’on ne vous verra plus !