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Souviens-toi des cacahuètes de Antoine Vans

Publié le 10/09/2024 par Malko Douglas Tolley / Catégorie: Critique

Souviens-toi des cacahuètes, une œuvre indépendante signée Antoine Vans et La Chaise Création, plonge le spectateur dans l'univers intime d'une jeune femme trentenaire aux prises avec le syndrome de Peter Pan. Ce long métrage, réalisé avec un budget modeste, incarne l'essence du cinéma de garage, avec son approche artisanale et sa liberté créative. Disponible sur Amazon Prime, ce film à l'atmosphère singulière explore avec sensibilité le refus de grandir.

Souviens-toi des cacahuètes de Antoine Vans

Tourné l'hiver dernier à Rebecq, Souviens-toi des cacahuètes met en avant la surprenante Jeanne Abraham, qui se révèle dans un rôle principal lui permettant de dévoiler ses capacités d'actrice. Formée à Mons et Bruxelles, la comédienne incarne avec justesse une trentenaire confrontée au syndrome de Peter Pan. Inspiré du personnage éponyme qui refuse de grandir, ce concept désigne des individus en difficulté face aux responsabilités et réalités de l'âge adulte, préférant s'attarder dans une jeunesse prolongée. Les personnages de ce type sont souvent en quête d’amitiés avec des personnes plus jeunes, afin de trouver une validation de leur mode de vie insouciant. Le film explore en centrant la narration sur cette “femme enfant" pour illustrer cet état.

Déjà remarquée dans la série Trentenaires de la RTBF, et après une collaboration avec Antoine Vans sur plusieurs de ses productions précédentes (Le Crayon, L’assureur, I Am Not Here to Have Fun), Jeanne Abraham réussit à apporter une certaine authenticité à son personnage.

Souviens-toi des cacahuètes illustre le syndrome de Peter Pan, mais l'attitude de l'héroïne et son emprise grandissante envers une adolescente peut susciter un malaise croissant chez le spectateur. Bien que la dynamique soit abordée avec sensibilité au début, elle soulève des questions éthiques au fur et à mesure que l’intrigue avance. Même si le film cherche à traiter le sujet avec une certaine intention narrative, il n'atténue pas entièrement ce malaise. La séparation entre le monde adulte et l’adolescence, souvent fondée sur les responsabilités et les attentes sociétales, rend le sujet particulièrement délicat. Le choix de dépeindre les adultes comme entêtés, voire intolérants, face à leur refus de valider les actions de l’héroïne apporte une dimension morale quelque peu ambiguë au film.

Cette opposition rigide crée une tension narrative intéressante, mais laisse parfois une impression de jugement unidimensionnel, où les personnages adultes semblent caricaturés dans leur intransigeance. En insistant sur cette dynamique, le film semble suggérer une critique implicite de l'attachement aux responsabilités, mais cela se fait au détriment d'une exploration plus nuancée des enjeux du passage à l'âge adulte. 

Malgré des réticences face au traitement de sa dynamique complexe et quelques limites techniques, Souviens-toi des cacahuètes s’avère néanmoins captivant, rappelant l'attrait de certaines sitcoms télévisées. On se surprend à suivre l’évolution de l’intrigue avec curiosité, porté par l’envie de découvrir le dénouement de ce récit intrigant. Le film, tout en restant modeste dans ses ambitions, parvient donc à maintenir un certain intérêt, malgré ses imperfections.

 

Une projection est prévue au Ciné 4 de Nivelles le dimanche 15 septembre 2024 et une autre à la salle communale de Quenast à Rebecq le mercredi 27 novembre 2024. Le film est également disponible sur Amazone Prime.

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