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Terre Battue de Stéphane Demoustier

Publié le 15/11/2014 par Anne Feuillère / Catégorie: Critique

Sentiers tout aussi battus...

Premier long métrage, Terre battue clôturait le Festival du Film Francophone de Namur. Il y occupait ainsi une place d'honneur, porté là sans doute en partie grâce à la belle co-production de ce film français, les frères Dardenne, à la fois partenaire financier mais aussi présence tutélaire et protectrice. Mais en découvrant ce premier long métrage certes plein de qualités, on se rappelait bel et bien pourquoi les Dardenne avaient reçu tant de prix à Cannes... Parce qu'il faut du génie pour réussir à faire des films inspirés, presque envolés, sur des questions sociales aussi lourdes, voire plombées...

Terre Battue de Stéphane Demoustier

Le premier film de Stéphane Demoustier s'ouvre sur un long plan séquence qui suit Olivier Gourmet alors qu'il quitte pour la dernière fois son lieu de travail. La caméra portée le suit de dos. Les réminiscences sont instantanées, les références posées. D'autant plus que le film, très vite, va alterner l'histoire de ce père tout juste licencié avec celle de son garçon d'une dizaine d'année qui voudrait faire du tennis jusqu'à se professionnaliser. Terre battue s'achemine donc d'entrée de jeu sur un terrain malheureusement trop connu où les comparaisons ne sont pas en sa faveur. Inspiré d'un fait divers, il suit en alternance le parcours de cet homme quinquagénaire, sourire aux lèvres, qui se veut malgré tout optimiste et battant. Mais tout ce qui lui arrive dénote sa soumission aux normes de l'idéologie capitaliste. Et par ailleurs, le film s'entête à le suivre alors que toute l'histoire qu'il raconte se passe à côté, près de ce gamin qui s'entraîne et veut être le meilleur et qui, pour ne pas quitter son père, ne pas le décevoir, le sauver même peut-être en lui préparant auprès de lui une place à ses yeux irremplaçable, commet un acte d'une très grande gravité.

Mais, étrangement, cet acte, rien ne le laissait présager. Terre battue n'est traversé d'aucune tension, d'aucune énergie, d'aucun enjeu. Construit sur de grandes séquences narratives qui saisissent les personnages dans leur quotidien, le film avance péniblement vers son dénouement, au fil de ces paragraphes qui font lourdement avancer la narration. Les qualités pourtant sont nombreuses, que ce soit les comédiens, tous éblouissants, l'épaisseur des personnages ou encore la photographie du film. Mais ce premier long métrage reste comme plombé par sa narration qui n'arrive pas à le décoller, à mettre en avant ses enjeux. A trop vouloir tout brasser, finalement, ce qu'il en reste s'avère très ténu. Belle histoire d'amour entre un père et son fils, certes, Terre battue n'en est pas moins un film très classique, un poil gris et un peu évitant, bizarrement, son sujet, cette relation entre son père et son fils. 

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