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Youri Orekhoff, Balaclava

Publié le 13/04/2022 par Malko Douglas Tolley / Catégorie: Entrevue

Drôle, subversif, déjanté, coloré, Balaclava est l’un des projets d’animation belge marquant de ce premier trimestre 2022. Youri Orekhoff est un étudiant en cinéma d'animation à La Cambre de Bruxelles. Son court-métrage traite de l’isolement social et du déni de prise en compte de la réalité de la jeunesse durant la pandémie de covid-19 mais également de l’invisibilisation des jeunes femmes dans la société civile. Après avoir remporté le prix Cinergie d’Anima et le deuxième prix de la compétition nationale du Courts Mais Trash, ne manquez pas sa prochaine diffusion au BSFF du 20 au 30 avril 2022.

Cinergie : Tu es encore étudiant, Balaclava est ton film de fin d'études ?
Youri Orekhoff : Oui, je fais des études d’animation à la Cambre, à Bruxelles. Balaclava, c’est mon film de troisième année. Je vais continuer le master l’an prochain et mon film de fin d'études est en préparation. C’est très flou à ce stade. J’ai envie d’aborder plusieurs thématiques mais je n’ai pas encore de liant à ce stade.

 

C. : Quelle est l’idée que tu as souhaité développer avec Balaclava ?

Y. O. : Au début, c’étaient essentiellement des idées de graphismes et de visuels. Elles me sont venues à partir d’une série de clips et de choses tendances un peu extravagantes. J’en avais tellement bouffés que j’avais envie de les recracher. Ensuite, le processus a été assez rapide. J’ai trouvé mes personnages et, une fois en tête, c’est leur sensibilité qui a guidé le reste de la réalisation.

 

C. : Ce duo féminin est central dans l’histoire. Peux-tu nous présenter et décrire tes personnages ?

Y. O. : Tina et Nadja, ce sont deux meilleures potes qui ont du caractère. Elles ont une énergie vénère mais elles ne savent pas trop d’où elle vient ni quoi en faire non plus d’ailleurs. Elles sont un peu maladroites du coup. Elles ont un besoin de revendiquer un truc, mais elles ne savent pas quoi. C’est ce qui fait qu’elles semblent super chaotiques.

 

C. : Quelles sont les retours que tu as eus pour donner suite à la diffusion au festival Animal et à l’obtention du prix Cinergie ?

Y. O. : Les gens sont contents, ils me félicitent. Il y a eu pas mal d’interprétation sur le confinement. Je n’y pensais pas directement mais ça m’est apparu comme évident finalement. Pendant la réalisation du film, toutes les étapes se sont faites de manière assez spontanée. C’était mon intention de garder cette spontanéité. Il y a des choses que des personnes ont dites qui ont du sens maintenant. Mais j’essayais de ne pas trop y penser au moment de la réalisation. Finalement, ces histoires de confinement me font rire car c’est plutôt évident avec le cloisonnement social. Et quand j’ai commencé à l’écrire, on sortait du confinement. C’est donc clairement cette frustration que j’avais envie de déverser à travers les deux meufs.

 

C. : Les dialogues, l’ambiance sonore et la bande-son prennent une place considérable et sont également une grande force de ton projet. Comment s’est mise en place la collaboration avec le groupe de musique Juicy ?

Y. O. : Il ne s’agit pas vraiment d’une collaboration car le morceau existait déjà. Je suis tombé sur leur travail et je trouvais ça incroyable. Cela correspondait à tout ce que je recherchais. Elles sont bruxelloises. C’est un duo de deux amies qui ont un côté un peu vénère aussi. Ça allait complètement avec l’ambiance du film et ça me tenait à cœur de travailler avec des gens en phase avec mon idée de départ. C’est également le cas des gens qui ont donné leurs voix aux personnages. Je suis hyper content de travailler avec ces personnes dont la présence fait sens dans le projet. Pour Juicy, ça me semblait évident. Je les ai contactées et elles ont directement accepté.

 

C. : Quelle est ta démarche artistique à ce stade ? Quels sont tes objectifs dans l’animation ? Tes dessins sont très colorés et distinctifs avec des effets de déformation. Peux-tu nous en dire plus à ce propos ?

Y. O. : Je ne pense pas pouvoir revendiquer un style ou une patte artistique. Je considère ce projet comme de la recherche. C’est juste un projet étudiant, en fait. Pour moi, c’est le début. J’ai envie de creuser un peu. Aujourd’hui, j’aimerais tester quelque chose de nouveau en approfondissant le procédé de Balaclava c’est-à-dire en prenant des dessins et en les déformant plutôt qu’en animant image par image. C’est vraiment ces déformations d’images qui donnent ce style si particulier à Balaclava.

En ce moment, j’essaie de reproduire ça un peu avec des dessins à la peinture. Un mélange de dessins traditionnels avec les textures de la gouache et les déformer de manière super digitale amateur. Je trouve que ce contraste peut bien fonctionner.

 

C. : Tu as procédé de quelle manière d’un point de vue technique pour Balaclava?

Y. O. : Tout le film a été fait sur TVPaint, c’est le logiciel d’animation par excellence en dessin. Je faisais les dessins et ensuite je les déformais avec des outils du logiciel en ajoutant des effets.

 

C. : Après avoir gagné le prix Cinergie d’Anima 2022 et le deuxième prix de la compétition nationale du Courts Mais Trash, quelle est la suite pour Balaclava ?

Y. O. : Mon film va être projeté au Canada au Regard Festival (mars 2022) mais également au Anifilm en République tchèque. Le dernier est encore secret mais il sera annoncé prochainement (diffusion au BSFF – Brussels Short Film Festival 2022 / 20 au 30 avril 2022).

 

C. : Pour l’anecdote, vous m’avez expliqué il y a quelques semaines que vous aviez envoyé la mauvaise version du film au festival Anima et que le public avait donc vu une version non finalisée de votre projet. Vous pouvez nous en dire plus à ce propos ?

Y.O. : C’est marrant car à Anima, au moment de la projection, je me suis rendu compte que je n’avais pas envoyé la bonne version du film. Il y a un moment en Animatic où il n’y avait pas de pistes synchronisées, j’avais envie de me tirer une balle mais les gens m’ont dit que ça ne se voyait pas trop. Du coup, ce qui n’était pas animé avait l’air d’être volontaire.

Ensuite, à Courts Mais Trash, je me suis rendu compte que ce n’était toujours pas la dernière version non plus. Mais là c’étaient vraiment des petits points où il n’y a que moi qui peut le déceler. Mais peut-être qu’ailleurs il y aura donc la troisième version qui sera diffusée. Mais ça va, je n’étais pas frustré car c’était la dernière version du son. Et c’était ça le plus important au final.

 

Pour (re)voir ce court-métrage sur grand écran, il sera diffusé le 22 avril à Flagey et le 26 avril au RITCS dans la sélection Next Generation 2 du BSFF 2022.


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Balaclava est également disponible sur Cinergie.be.

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