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Dispersion de Basile Vuillemin

Publié le 04/11/2019 par Ruben Thomas / Catégorie: Critique

Après deux premiers courts remarqués (Du bout des doigts et Le crayon), le réalisateur franco-suisse s’attaque désormais à l’industrie des pompes funèbres, dans un projet à la photographie toujours aussi soignée. Diffusé et primé dans de nombreux festivals (dont le festival du court à Brest ou encore le Brussel Short Film Festival) il n’est pas surprenant de retrouver ce court dans la sélection pour les Magritte.

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Dans un futur proche (ou hypothétique, c’est selon), un homme (Joël Hefti) fait appel à une entreprise de pompes funèbres entièrement automatisées pour enterrer sa mère. Passant commande à la borne comme on choisit son sandwich dans un fast food, le jeune homme fait face à toutes les déconvenues que suggèrent les nouvelles technologies.
Discours à choix multiples, commande vocale approximative, réponse creuse et métallique, qui écorche les noms des défunts comme ceux des stations de métro. Nous avons tous été au moins une fois démuni face à un appareil qui décide de faire des siennes. Une partie d’entre nous perd déjà son sang froid lorsque le GPS indique le mauvais itinéraire. C’est là l’une des forces du film, sans réellement surprendre, en poussant simplement davantage nos vices, il parvient à nous confronter au ridicule grandissant de notre société. Un constat affligeant, auquel personne ne peut échapper et dont le réalisateur souligne chaque trait grâce à une mise en scène efficace et soignée.

 

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Confronter la mort, la perte, à la froideur des machines. L’idée, bien que toute simple, est tout bonnement parfaite. D’autant qu’elle dénonce un business funèbre déjà bien déshumanisé, qui suppose une montagne de paperasse pour éponger notre deuil. Et au milieu de tout ça, un humain, désemparé et plus seul que jamais.

Basile Vuillemin signe ici une satire grinçante des nouvelles technologies, à bien y regarder, aussi effrayante que drôle. Plus qu’une simple comédie, un tableau alarmiste d’une réalité pas si éloignée de la nôtre, où la plupart des évolutions nous rendent un peu plus esclaves de notre propre condition. Dans la veine de la série Black Mirror - préférant toutefois souligner l’absurdité plutôt que la violence de la situation - le film aborde, de manière évidente, les dérives de la technologie, mais aussi en filigrane, la logique de surconsommation, et la perte des rapports humains,...

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