Anouk Ferreira Da Silva et Gillie De Saboulin racontent l’histoire d’Aimé, jeune dealer, venant réclamer son dû à l’une de ses clientes. Celle-ci le laisse seul avec sa fille de neuf ans qui peine à résoudre un problème de mathématiques. Aimé va venir en aide à l'enfant.
Aimé de Anouk Ferreira Da Silva et Gillie De Saboulin
Publié le 12/04/2023 par Gauthier Godfirnon / Catégorie: Critique
Ce court métrage offre un fabuleux condensé d’intersectionnalité. Pour les lecteurs qui seraient passés à côté de ce concept clé des dernières études en sciences sociales sur les discriminations en matière de race et de sexe, il s’agit de l’« action conjuguée de plusieurs formes de domination ou de discrimination (racisme, sexisme, homophobie, etc.) sur un individu. »
Derrière l’aspect a priori trivial du film se cache un immense espoir. Et si la société de demain devenait empreinte de profonde solidarité, d’inépuisable charité ? Aimé vit un dilemme existentiel, presque cornélien. Il comprend qu’il est en partie responsable de la situation problématique de la petite fille, dans une situation de précarité, comme lui, car si la mère de l’enfant ne se droguait pas, peut-être serait-elle plus à même de mieux s’occuper de sa fille. Le documentaire s’avère attendrissant grâce à l’altruisme d’Aimé, touché par la solitude et la souffrance indicible de la petite. Le problème de maths reste irrésolu, mais le jeune homme semble remettre en question ses choix de vie, pour le moins, c’est ce que les images évocatrices de son air pensif paraissent représenter.
Aimé ne s’est probablement pas découvert une vocation de dealer. La question politique et sociale subjacente du documentaire fait écho à la dure réalité des individus racisés ou de certaines femmes en bas de l’échelle socioéconomique, position qui permet à une « exploitation raciale ou sexuelle » de subtilement perdurer.
