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Festival du Court Métrage de Clermont-Ferrand 2018

Publié le 09/03/2018 par Thierry Zamparutti / Catégorie: Événement

40ème Festival du Court Métrage de Clermont-Ferrand (2 au 10 février 2018), 10ème Edition Euro Connection Forum européen de coproduction, voilà un jubilé qu’il ne fallait pas manquer. Et c’est pourquoi je me suis présenté pour la 20ème fois consécutive à l’accueil du festival, pour y prendre la désormais sacoche de collection, le programme et diverses infos concernant les professionnels présents et les lieux de gourmandises (!!). C’est que cette année ne souffrirait pas un instant d’un manque éventuel d’organisation : diverses expos dont 40 années d’affiches du Festival, la sortie d’un timbre à l’effigie du 40ème, le T-shirt de circonstance, les rétrospectives diverses et les trois compétitions internationale, nationale et labo… soit 454 films sauf erreur sur les 8217 films visibles à la vidéothèque.

De ce Festival particulier on retiendra un palmarès particulier, principalement au profit de 4 pays en dehors de la compétition nationale française : la Pologne, la Suède, la Suisse et la… Belgique. Si nous avons sauvé l’honneur aux Jeux Olympiques, côté courts métrages, nos productions se sont distinguées d’entrée de jeux tant pour la sélection en compétition que pour les programmes annexes. Le résultat nous a permis d’observer une réelle pertinence dans ce qui fut montré au point que nous en revenons avec un taux de réussite de 50% !!
Ceux qui n’ont pas atteint le palmarès ne sont pas malheureux pour autant, vu que l’écrémage est drastique et, dès lors, y être est déjà un fabuleux cadeau avec la certitude d’être largement vu par le public clermontois.
Dem Dem ! (Partir) de Pape Bouname Lopy, Marc Recchia et Christophe Rolin, une coproduction luxo-belgo-sénégalaise où la production déléguée est tenue par Marion Hänsel (Mansfilms) ; Saint-Hubert de Julien Comes (prod Las Belgas) et deux coproductions franco-belges le premier film Lâchez les chiens de Manue Fleytoux (Chevaldeuxtrois et Wrong Men) et Marlon de Jessica Palud (Punchline Cinéma et Next Days Films) ont été soumis à l’épreuve de la grande salle COCTEAU (1400 places) souvent comble. Sans souci !
Je m’en voudrais d’oublier un film français de la Collection CANAL+ repris dans la compétition nationale et où une de nos meilleures comédiennes du moment tient le suspense à bras le corps. Sophie Breyer tient le rôle phare de cette histoire paranormale en portant sur ses épaules, en grande partie seule, la responsabilité de projeter le spectateur dans l’intrigue, l’émotion et une certaine angoisse. Chose mentale de William Laboury est l’un des 5 films portés par CANAL+ et les résidences SOFILM DE GENRE où ils furent développés.
Pascale Faure et Brigitte Pardo, les responsables des productions et achats de courts sur la chaîne cryptée, ont souhaité mettre l’accent sur le cinéma de genre dont la diffusion reste trop souvent confinée aux festivals thématiques.
Venons-en aux lauréats.

Dans le cadre de la compétition internationale : Le Prix du Rire « Fernand Raynaud » est allé à Etat d'alerte sa mère de Sébastien Petretti. Cette production belge menée par Lovo Films et Abyssal Process montre de manière surréaliste comment la police s’incruste dans notre intimité en se donnant tous les droits allant du délit de faciès à la violation de toutes nos conventions morales en vigueur. Et comme ces faits sont devenus de notoriété publique et inscrits dorénavant dans nos habitudes quotidiennes, les gens l’ont intégré à leur mode de vie comme si de rien n’était. Hilarant et interpellant. Malheureusement son réalisateur n’est resté que 12 heures à Clermont-Ferrand (ndrl : quelle frustration !) et nous sommes parvenus à avoir la réaction d’un des deux comédiens principaux, Yassine Fadel, qui a pu en profiter davantage.

Cinergie : Comment vous êtes-vous senti en arrivant au festival ?
Yassine Fadel : J'ai été impressionné par le nombre de personnes présentes, autant du côté des professionnels que durant les projections dans les salles. Il y avait notamment un bon nombre d'étudiants !! Les salles étaient quasi remplies durant tout le festival.

Cinergie : Comment cela s’est-il passé avec le public ?
Y.F. : Le public a été extraordinairement réceptif à notre court métrage, ce qui m'a forcément beaucoup touché.

Cinergie : Que retenez-vous de votre petit passage par Clermont-Ferrand ?
Y.F. : Je ne connaissais pas ce festival, mais j'y retournerai volontiers. C’est une première chose ! Ensuite, les sélections m'ont vraiment bouleversé et ému, et j'ai été fier de voir autant de films et d'acteurs belges présents dans les différentes catégories autant nationale qu'internationale. Longue vie à ce festival. Et merci à Sébastien Petretti de m'avoir permis de faire partie de cette formidable aventure. 

Côté animation dans cette même catégorie, le belge Frédéric Hainaut s’est fait remarquer en remportant le Prix du Meilleur Film d’Animation Francophone. Le Marcheur est une animation sociale. Le personnage principal, un anti-héros ouvrier dans une usine aviaire, montre les limites d’un travail avec lequel on n’est pas en accord et, par-delà, les limites de notre résistance. En se rapprochant des Indignés, il trouve un refuge intellectuel tout en restant en errance dans cette société qu’il désavoue.

Cinergie : Clermont-Ferrand n’est pas un festival dédié à l’animation et pourtant vous êtes bien présent.
Frédéric Hainaut : Oui, poussé dans le dos par les collègues qui connaissent le festival. (ndlr : chez Caméra Etc !)

Cinergie : Quels sont les images que vous gardez de votre passage ?
F. H. : Un très beau voyage en train, regarder la France sous la neige. La première personne croisée à Clermont : elle cède sa carte de transport, un festivalier qui s'en va. La maison de la culture accessible pour les moins valides, des rampes d'accès qui mènent au sommet. Des milliers de boîtes aux lettres pour les professionnels. Des salles de cinéma pleines, nombreux sont ceux qui paient leurs tickets, du matin au soir, toutes séances confondues. Le cinéma d'acteurs et l'animation qui se mélangent, les animations souvent plus courtes. Le jeune animateur de France Bleu (ndlr : la radio régionale), jovial et accueillant, le studio vitré qui donne sur la rue. Une université, un auditoire qui porte le nom d’Agnès Varda, sièges et bancs en bois. Une master class avec Georges Schwizgebel, un réalisateur de légende qui partage ses secrets, humble et doux. https://vimeo.com/255870241
Sans décorum, professionnels et passionnés, curieux  et spectateurs qui se mélangent. Les expressos du matin où le public rencontre les réalisateurs, échanges animés avec passion et intérêt. 

Cinergie : Wouah ! Visiblement vous n’avez pas chômé !
F .H. : Non, j’aime privilégier le cinéma au tourisme, je n’ai pas pris le temps de découvrir la vieille ville. Et puis, j’ai encore enregistré une émission avec des étudiants en cinéma, une belle initiative :
https://www.youtube.com/watch?v=VMvKt2uFXEA

Cinergie : Et puis ce Prix… Comment avez-vous vécu cela ?
F. H. : Etre sélectionné à la compétition internationale, recevoir un prix, c’est émouvant et reconnaissant. 
Puis boire une bière au bar d'en face, au milieu des conversations, après la cérémonie. Partager sa joie, envoyé un SMS aux proches pour annoncer la nouvelle. Rentrer tranquilou à l’hôtel situé à quatre minutes à pied de la salle Jean Cocteau. Reprendre le train, à la gare, reconnaître les visages croisés pendant la semaine. 
Pour en savoir plus encore sur le film... http://labrasserieducourt.com/le-marcheur/

Dans la compétition française, les belges sont à nouveau à l’honneur avec l’octroi d’un Vercingétorix Prix Spécial du Jury. Le court métrage de fiction de François Bierry, Vihta, est une ode humoristique aux teams buildings. C’est durant ces expériences-là que les collègues sont censés apprendre à mieux se connaître pour renforcer les liens et la cohésion. Sous-entendu améliorer la rentabilité évidemment. Mais tout le monde n’apprécie pas forcément. 

François Bierry nous confie ses impressions.
François Bierry : Clermont pour moi en quelques mots: c'est  une histoire de premières fois. Première fois que j'y allais. C’est un festival incroyable, avec une fourmilière de passionnés, un vrai public de court métrage : exigeant, connaisseur, critique et prêt à faire la file durant 2 heures pour voir des films. Et c’était surtout la première fois que je montrais le film à un public. J’étais un peu tendu. Même l'équipe du film ne l'a pas encore vu !! La salle Jean Cocteau est impressionnante, 1400 places. Elle est quasi pleine.

Cinergie : Comment s’est passé la réception du film ?
F. B. : Le film est une comédie sociale. La comédie a cette particularité : on sait directement si ça fonctionne ou pas, si la salle réagit ou ne réagit pas. Quel soulagement : la salle a réagi, ri.  Les applaudissements durant le générique de fin m’ont été droit au cœur. Les retours à la sortie de la salle également. 

Cinergie : Et puis, il y a ce Prix qui arrive après une première diffusion laissant présager un futur appréciable !
F. B. : Pourtant, le Prix du jury est une réelle surprise qui concrétise une semaine pleine de belles rencontres et de films incroyables. Il y a beaucoup d'adjectifs positifs pour décrire ce moment! J’ai été très honoré qu'on remette ce prix à une comédie et que le jury ait trouvé le film " couillu" et libre.
http://labrasserieducourt.com/vihta/


Quant à la compétition la plus récente qui en était à sa 17ème édition, la LABO, elle donne à voir des cinématographies différentes, souvent artistiquement décomplexées et particulières. La société gantoise A Private View, s’est ainsi distinguée grâce à la coproduction menée avec Autour de Minuit (France) et Studio Roste A.D (Pays-Bas) en remportant le Prix des Effets Visuels pour Reruns. Son réalisateur et scénariste, le hollandais Rosto, est un habitué du Festival. Son film s’inscrit dans une quadrilogie autobiographique et présente ici un voyage assez barré dans ses souvenirs et rêves personnels. Au départ d’un film super 8 où il a 5 ans, il nous invite à voir ses lieux d’attache : la maison de sa grand-mère, son école, etc… Le tout constitue une ville de plus en plus grande englobant son passé et son futur.
http://labrasserieducourt.com/le-court-du-jour-reruns/

Palmarès complet sur www.clermont-filmfest.org

www.clermont-filmfest.org



*Georges Schwizgebel est l’auteur d’une vingtaine de courts métrages d’animation célébrés et primés à Clermont-Ferrand et dans les grands festivals du monde. Animée par Antoine Lopez, co-fondateur du Festival du court métrage de Clermont-Ferrand spécialiste du cinéma d’animation, cette rencontre approfondit l’univers et le savoir-faire de l’un des réalisateurs les plus renommés du monde de l’animation.

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