Le niveau de la compétition était très élevé, on l'a déjà dit, et au rayon des films bredouilles, on ne peut que conseiller vivement Joyeux Noël, Rachid, le nouveau film de Sam Garbarski (La Dinde), à la fraîcheur de l'enfance.
Joyeux Noël, Rachid de Sam Garbarski
Rachid et son compagnon de jeu sont musulmans, l'un est arabe, l'autre noir, comme quoi ! D'ailleurs, en cette période de Noël, ils regardent avec le même émerveillement que les autres enfants de leur âge les vitrines illuminées des magasins de Playstation et panoplies d'indiens. Il paraît qu'à Noël, les chrétiens mangent de la dinde et se font des cadeaux. Toute la ville en parle, qui a revêtu son costume de fête. Quelque chose flotte dans l'air, que leur religion n'empêche pas de respirer.
Alors, sans rien renier, pendant que papa (Lotfi Yahya) et maman (Kadija Leclere) regardent comme tous les soirs les émissions arabes à la télévision, Rachid fait le mur et retrouve son ami, pour fêter Noël même si ça ne se fait pas. Dans le secret d'un wagon désaffecté, aspirant à la paille leur Coca géant, ils s'offrent le même cadeau, un disque gratuit trouvé dans les paquets de chips, mais c'est l'intention qui compte : ça tombe bien, je ne l'avais plus... S'en suit la messe de minuit, où ils se glissent, en retard mais sagement, après avoir retiré leurs chaussures.
Parlant d'intégration, Sam Garbarski et son scénariste Philippe Blasband touchent leur public en plein coeur, comme leurs petits acteurs, géniaux de débrouillardise lorsque, d'un regard d'épagneul et d'un sourire coquin, ils charment et persuadent la gentille marchande de sapin de la place Flagey de leur refiler le roi de la forêt pour la moitié du prix. Les cultures se mélangent avec plus de naturel que le prétendent certains animés par d'autres intérêts que la vie, les antennes satellites permettent de recevoir les chaînes du monde entier, c'est peut-être simplement le moment d'ouvrir les yeux...