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Maternelles/Coquelicots : Coffret Philippe Blasband 2 DVD

Publié le 15/03/2012 par Marceau Verhaeghe / Catégorie: Sortie DVD

Si Philippe Blasband est davantage connu comme scénariste et auteur dont les succès nationaux et internationaux ne se comptent plus, c’est aussi un cinéaste qui a, à son actif, trois courts et quatre longs métrages. Si les deux premiers longs avaient déjà bénéficié d’une sortie DVD, ce n’était pas le cas des deux derniers. Mi 2011, un coffret proposé par Big Bang, la firme de distribution de son producteur Olivier Rausin, est venu combler cette lacune. L’occasion de redécouvrir les deux plus récentes œuvres cinématographiques d’un auteur subtil, dont la vision du monde brossée par petites touches est toujours étonnante, et parfois dérangeante. Un film noir tragique, une comédie psychologique, mais dans les deux films, Philippe Blasband s’intéresse à la femme. Un plongeon, parfois à rebrousse poil, dans deux aspects très différents, plutôt contradictoires de la féminité.

Maternelles/Coquelicots : Coffret Philippe Blasband 2 DVD

Coquelicots, le plus ancien, aborde le thème de la prostitution, aux antipodes des clichés faciles, dans un univers somme toute pas très éloigné de celui qu’il avait déjà abordé dans Irina Palm, le scénario coécrit pour Sam Gabarski. Ici aussi, il s’efforce au maximum d’éliminer tout le clinquant pour situer ses personnages dans un quotidien assez glauque et sordide. Mais ce qui l’intéresse surtout, ce sont ses personnages, un trio sur lequel il pose un regard tout en nuances, empreint d’une profonde humanité. Le cinéaste peine à installer l’atmosphère de film noir qu’il recherche. On a du mal à croire aux décors trop étriqués ou en certains personnages pas vraiment crédibles, mais on ne peut s’empêcher d’être touché par le destin tragique de ces trois personnages confrontés à leurs limites qui se croisent sans cesse dans ce film choral. Fabrice, le mac, gros garçon à sa maman avec son Duffel-coat et son écharpe, tellement terne qu’on a bien du mal à le voir en aigrefin abuseur de ces dames. La jeune et jolie Rachel, révoltée et tellement paumée entre le mirage de l’argent facile et le piège qu’elle sent se refermer sur elle. La mélancolique Xénia, chaleureuse et tellement désabusée, qui ne sait comment négocier son dernier tour de piste. Tous sont pétris d’une profonde humanité et incarnés par trois excellents comédiens : Laurent Capelluto, Céline Péret et Véronique Dumont dont on se souviendra longtemps du visage décomposé, chantant Aglaé la glaneuse.

(Voir la critique de notre collègue Anne Feuillère sur Cinergie.be)

Avec Maternelles, on change de femmes et de registre. Viviane, 42 ans, directrice d’une école maternelle a, croit-elle, réussi à remettre un peu d’ordre dans une vie dont on devine qu’elle n’a pas été toujours facile jusqu’ici. Cette apparence trompeuse va vite être perturbée par deux autres femmes. Sa mère, d’abord, qu’elle n’a jamais connue, mais dont on l’avertit du décès imminent. Après sa mort, elle va recevoir les visites de son fantôme. Un fantôme pour le moins envahissant, se mêlant de tout de façon péremptoire, bien décidé à aider Viviane malgré elle à réparer ce qu’elle pense être des erreurs de sa vie. Et Viviane a aussi une fille qui a pris son indépendance, en brouille avec sa mère, et qui lui annonce qu’elle est enceinte. Il y a largement de quoi amener Viviane dans un état où elle, si prompte à juger, n’aura plus d’autre choix que d’accepter les autres en s’acceptant elle-même.

Ne fait-on de bonnes comédies qu’avec de bonnes névroses ? C’est en tout cas le ressort comique dont se sert Philippe Blasband. Trois générations de femmes (bientôt quatre ?) profondément marquées par le rapport à leur mère et donc à la maternité. Cette fois, Blasband choisit de traiter le sujet sur le mode léger avec un extraordinaire numéro d’Anne Girouard (la Guenièvre de Kamelott) qui incarne le fantôme de la mère de Viviane avec un délicieux sans gêne. Les deux autres comédiennes du trio ne sont pas en reste (la muse éternelle, Aylin Yay, pour Viviane et la jeune Chloé Struvay pour Zoé, sa fille), ce qui donne un chassé-croisé savoureux sur le mode paroxystique qui permet, sans trop se prendre la tête, d’explorer l’amour haine qui peut exister sans retenue entre une mère et sa fille, mais aussi les mystérieux détours du sentiment maternel.

(Voir l’interview de Philippe Blasband et Aylin Yay par Dimitra Bouras sur Cinergie.be)

En bonus, vous pourrez déguster Mireille et Lucien, dernier court de Philippe Blasband, ou le rencontre explosive du couple Aylin Yay, Serge Larivière sur fond de comédie sentimentale. Un régal !

(Voir le reportage de Jean-Michel Vlaeminckx sur le tournage du film sur Cinergie.be)

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