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Trois pépites d’animation ramenées du Festival d’Annecy

Publié le 19/06/2025 par Kevin Giraud / Catégorie: Événement

Encore auréolés du succès international de Flow – qui dépasse aujourd’hui les 100.000 entrées rien que dans notre plat pays, les Belges ont brillé sur les bords du lac d’Annecy la semaine dernière, alors que s’est clôturé le festival International du cinéma d’Animation d’Annecy.

Au sein du plus grand festival d’animation au monde, courts métrages, longs métrages et projets divers et variés se sont succédé, avec dans de nombreux cas une bonne part de belgitude en leur sein.

Retour sur trois courts métrages qui ont marqué les esprits de cette édition 2025.

Trois pépites d’animation ramenées du Festival d’Annecy

La Carpe et l’enfant – Morgane Simon, Arnaud Demuynck, 2024

Arnaud Demuynck, vétéran et homme orchestre qui a su se tailler la part du lion de l’animation belge francophone, revient à Annecy avec de nombreux projets dans ses valises. Parmi ceux-ci, La Carpet et l’enfant ne déroge pas aux règles qui ont fait le succès du producteur-auteur-réalisateur : un récit à destination des enfants qui touche également les plus adultes d’entre eux, et une animation de grande qualité aux envolées visuelles nombreuses et puissantes. 

Arnaud Demuynck co-signe La Carpe et l’enfant en tant que scénariste, et réalise avec la Française Morgane Simon, titulaire d’un bachelier à de la Haute école Albert Jacquard et d’un master de La Cambre. Un combo gagnant qui lui a permis d’intégrer le studio l’Enclume et collaborer avec Arnaud Demuynck et Rémi Durin sur la petite pépite qu’est Yuku et la fleur de l’Himalaya.

Dans ce nouveau court métrage, déjà présenté en février au festival Anima, le duo Demuynck-Simon se rencontre autour d’une bande sonore espiègle et rieuse, parfaite compagne d’une animation pétillante aux décors bucoliques.

Le film, sélectionné dans la section jeune public de la compétition officielle, nous emmène à la pêche aux côtés d’un jeune enfant en quête de carpe. Mais entre son chien, une grenouille bruyante et un canard turbulent, attraper du poisson n’est pas une sinécure.

Un film – pour citer son co-auteur – comme un haïku, un doux moment de poésie et d’humour.

On pourrait difficilement mieux décrire cette petite gourmandise animée, dont on aimerait pouvoir encore la croquer à belles dents ou la contempler comme une fleur délicate. 

Un extrait ici.

 


Vader Ademt, Juliette Pons, 2024

Présenté en sélection officielle dans la catégorie Off-limits au festival d'animation d'Annecy, Vader Ademt est une expérience sensorielle autant qu'un film, un voyage dans un monde infiniment petit et infiniment complexe, aux sonorités étonnantes et à la beauté qui l'est tout autant. 

Sur une musique de jazz atmosphérique du groupe flamand-norvégien Donder, Juliette Pons crée un film de céramique, donnant vie par la magie du cinéma d'animation à des sculptures d'une grande finesse. Un microcosme inspiré par les volutes, tantôt des créatures marines, tantôt de coraux abyssaux, ou encore renvoyant aux temps primordiaux de la création.

Rarement vue à l'écran, cette technique d'image par image donne au film une esthétique unique et un univers riche qui évoque les fonds marins comme le corps humain, mimant la respiration et plongeant son public dans un monde mystérieux.

Formée à Saint-Luc, Pons crée avec ce film une œuvre à la jonction entre les arts, où l'on ressent la puissante énergie et la délicate vie qu'elle insuffle à ces polypes et créatures fascinantes. Des mondes qui inspirent décidément l’animation et le cinéma de par leur mystère et leur beauté aussi complexe que fragile, allant du récent Planètes de la cinéaste Momoko Seto aux réinterprétations bariolées de Pixar dans Elio.

Puissant, le film l'est également par la relation qu'il tisse entre les sonorités du piano et les vibrations de la céramique. Tintant à l'unisson, ces deux musiques créent un chœur hypnotique et une expérience qu’on voudrait pouvoir revivre à l’infini sur grand écran. 

Ce clip est disponible gratuitement sur Youtube ici.

 


Le tunnel de la nuit - Annechien Strouven, 2024

Opérant un twist sur la tradition séculaire des tunnels sablonneux que les enfants en mal d’activités creusent pour s’occuper lorsqu’ils s’ennuient sur la plage, Le tunnel de la nuit se déploie comme un récit de rencontre, d’entraide et d’aventures, le temps d’une journée bien rythmée.

En effet, c’est après avoir creusé un tunnel sur la plage que deux enfants originaires de différents endroits du monde se rencontrent, trop heureux d’avoir l’un et l’autre enfin trouvé un compagnon de jeu. Un récit que l’on doit à Annechien Strouven pour sa première réalisation, en association avec le scénariste Bert Lesaffer, également producteur – avec Brech Van Elslande – pour le studio d’animation belge renommé Animal Tank. 

Ensemble, le duo d’auteurs s’associe pour donner vie à ces deux bambins armés de pelles et de seaux qui creusent leur chemin à travers le sable jusqu'au pôle Nord, où de nouvelles rencontres les attendent, mais aussi de nouvelles aventures.

En couleurs rondes et agréables, Le tunnel de la nuit se déploie comme une fable de tolérance et de rencontre, jouant des tonalités pour créer des univers tantôt diurnes, tantôt nocturnes, mais toujours visuellement marquants. 

L’humour complémente joliment cette douce histoire, création d’une cinéaste prometteuse qui – de par ses collaborations précédentes sur La Sirène ou Le Parfum d’Irak, toujours via Animal Tank – a pu forger son caractère et créer sa patte. On espère la voir continuer ce parcours, et la retrouver dans une prochaine édition d’Annecy. 

Extrait à découvrir ici.

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