Après une première incursion dans le documentaire avec Visages en 2019, qui faisait voyager son public en Chine, Paul Vincent de Lestrade s’essaie désormais pour la première fois à la fiction avec Un bon garçon. Tous deux sont marqués par un intérêt prononcé pour l’intrication qui existe entre le corps, la performance et la séduction. Dans le premier cas, ce prisme s’incarnait à travers une société où la réussite professionnelle autant que personnelle rime avec la beauté… et nécessite par conséquent de passer sur la table d’opération pour se garantir le succès. Pour le second, Paul Vincent de Lestrade adopte cependant un tout autre angle autrement plus délicat à traiter en se penchant sur la question de la pédophilie.
Un bon garçon de Paul-Vincent de Lestrade
Publié le 15/12/2023 par Benjamin Sablain / Catégorie: Critique
Un bon garçon suit Maxime, un adolescent de seize ans qui est promis à une brillante carrière sportive grâce à ses remarquables performances. Mais un jour son coach est accusé d’abus sexuel par l’un des enfants qu’il a sous sa responsabilité. Il s’en suit tout un engrenage où bien des souvenirs enfouis vont réémerger… ceux de Maxime compris. On retrouve donc aisément les grandes obsessions du réalisateur. Dans son optique de mettre en évidence le corps, il opère des choix radicaux qui rappellent aisément les frères Dardenne, grands maîtres en la matière. Il cadre le visage de son protagoniste de très près au point de ne le lâcher qu’à de très rares occasions. Un bon garçon ne connaît que très peu de moments de respirations où il élargit son espace. Il étouffe par des plans dont on ne connaîtra rarement autre chose que Maxime et dont le décor se fond régulièrement dans l’abstraction. Paradoxalement, autant on est proche de lui, autant il ne restera la plupart du temps qu’une énigme, avec son visage fermé et ses pensées inaccessibles. Un bon garçon est confiné entre deux opacités, celui de l’extérieur et de l’intérieur. Si l’on sent quelque chose bouillonner à l’intérieur du personnage, et que l’on voit ce bouillonnement parfois exploser en une éruption quasiment volcanique, on ne sait jamais vraiment quels circuits ils traversent.
