Le récent Festival International du Film Francophone de Namur programmait dans sa section documentaire les derniers films de Marta Bergman et Frédéric Fichefet, programmation attendue quand on se souvient du remarquable Bucarest, visages anonymes qu'ils cosignaient en 1994.
Un jour mon prince viendra de Marta Bergman
Dans Un jour mon prince viendra, Marta Bergman fait en pointillé le portrait de trois femmes roumaines qui par le truchement d'agences matrimoniales tentent de rencontrer l'amour et de quitter leur pays pour se marier à l'Ouest. Trois portraits qui sont autant de prétextes à interroger subtilement notre conception du mariage et sa faillite en termes de solitude. Dès la première séquence, Marta Bergman retrouve cette manière sensuelle et très forte de fictionnaliser la réalité qu'elle appréhende. Entre le regard de ces femmes et le monde qu'elles regardent, Marta Bergman regarde à son tour et risque son film sur cette frontière périlleuse qui distingue récit anecdotique et parole universelle. Son film déploie une réelle invention d'écriture et réussit quelques belles séquences qui intriguent et bouleversent.
Malheureusement, il ne trouve pas son équilibre dans la durée, privilégiant trop les interviews et l'aspect explicatif de son propos. Et ce faisant, on a l'impression que Marta Bergman sacrifie sa singularité au souci d'être efficacement comprise et reste comme en retrait de ces zones obscures et silencieuses où son cinéma excelle et où parfois les êtres se dévoilent et nous touchent au plus profond.