Sur une route déserte, Nathalie emmène sa mère Marianne visiter un nouveau studio à louer. En effet, ses parents sont en train de se séparer et Marianne, dévastée, doit partir. En pleine dispute, les deux femmes sont interrompues par l’arrivée inopinée, à l’arrière de la voiture, d’une vieille dame malade et farfelue répondant au surnom de Yeti (diminutif de Henriette), échappée d’un asile psychiatrique. Sa mission : rapporter son clairon à son défunt mari, qu'elle croit toujours vivant. Malgré le détour, Marianne aide Yeti et annule la visite du studio. Nathalie s’emporte et laisse sa mère seule avec Yeti. Marianne ramène Yeti à une pompe à essence et recherche sa fille. Yeti s’enfuit.
Yeti de Valéry Rosier
Aborder le genre du road movie, qui plus est dans un court métrage d’une dizaine de minutes, est un exercice assez casse-gueule. Après tout, les plus grands cinéastes sont déjà passés par là (de Wim Wenders à Dennis Hopper, en passant par Clint Eastwood...) Abordant les rapports difficiles mère/ fille, le deuil, la rupture, le manque de communication et la nostalgie, Yeti nous dépeint une situation familiale difficile, à cran, à qui un duo d’actrices excellentes (dont la formidable Marie Lecomte ) rend justice par la justesse de leur interprétation. La palme de la meilleure actrice ira cependant à Anne-Marie Van Acker incarnant une vieille folle toujours accompagnée de son clairon bouché, une vieillarde perdue mais dont la joie de vivre et l’entrain communicatifs renverront au couple mère/fille l’absurdité de leur dispute. A noter que suite à la défection de l’actrice initialement prévue, Valéry Rosier a dû faire appel en dernière minute à Anne-Marie Van Acker qui n’est autre que… sa propre grand-mère. Une novice donc, au visage marqué par la vie mais dont la présence extrêmement naturelle et le talent insoupçonné en font une véritable révélation. Yeti est un petit film tendre et dur à la fois, se terminant sur le doux air du Temps des Cerises, une chanson qui emplit de tendresse et de nostalgie un monde cruel et désenchanté, mais pas dénué d’espoir.