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Badpakje 46 de Wannes Destoop

Publié le 13/07/2011 par Marceau Verhaeghe / Catégorie: Critique
Badpakje 46 de Wannes Destoop

On découvre avec plaisir le court métrage de fin d'études de Wannes Destoop Badpakje 46 (tenue de bain 46), l'autre grand prix belge du Festival de Cannes. Distinction pas volée. L'étudiant du KASK de Gand fait preuve d'une maturité et d'une maîtrise du language cinématographique qui, à moins de 25 ans, impressionnent. Pour véhiculer les émotions de sa jeune héroïne, il la cerne, la suit dans les scènes de sa vie quotidienne, s'attarde sur ce petit visage fermé le temps qu'il faut pour y lire les blessures et les tendresses de la fin de l'enfance, sans voyeurime intrusif.

 

C'est en restant à hauteur d'enfant qu'il raconte ce que c'est que d'avoir douze ans quand on est une petite fille pas trop gâtée par la nature, sans amis, en délicatesse avec sa mère et en rivalité constante avec le fils du compagnon de celle-ci.
Son histoire, Wannes Destoop l'écrit à l'encre de ses images avec une remarquable maîtrise de la caméra et du montage. Son as de coeur, c'est la belle incarnation de la jeune comédienne Janis Vercaempst chez qui il peut tout aller chercher avec une bienveillante finesse de touche. Mais au final, c'est la sensibilité avec laquelle le narrateur se met dans la peau de l'enfant qui va droit au coeur. La vie de Chantal n'est fondamentalement ni pire ni meilleure que celle de la plupart des jeunes filles, mais la façon dont elle la voit renvoie à des expériences que nous avons tous connues à cet âge.
Elle est mal dans sa peau, Chantal, peu sociable, dressée sur ses ergots contre le monde entier, boule d'énergie rageuse contre l'adversité, avec l'impression que personne ne la comprend. Sa mère n'est pas fondamentalement méchante, sans doute un peu agacée par le comportement de sa fille et sans beaucoup d'indulgence envers elle, mais Chantal est braquée, vite blessée et révoltée contre l'injustice, réelle ou supposée.
Elle communique beaucoup mieux avec les deux figures paternelles superbement brossées que sont son professeur de natation et le petit ami de sa mère. Avec son petit caractère déjà bien trempé, elle encaisse les avanies et les coups durs avec tout le courage de ses douze ans, et rend la monnaie quand elle le peut. Ele sait déjà très bien ce qu'elle veut, mais n'a pas toujours les moyens de réaliser ses objectifs. Alors elle invente, bricole, quitte à faire des conneries, pour arriver à son but et réaiser le seul rêve qui lui permet d'oublier toutes ses frustrations, devenir championne de natation.



Cette vie simple et ordinaire, Destoop sait la mettre en scène de façon fort touchante, en découpage de petits moments ordinaires de la vie quotidienne et en quinze minutes pile. Le résultat est d'une efficacité parfaite. Destoop dévoile l'étoffe d'un excellent réalisateur et surtout d'un vrai cinéaste qui n'a besoin d'aucun artifice superflu pour raconter son histoire. On a été touché de partager pendant ce quart d'heure l'univers de Chantal et on attend la suite avec impatience.

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