Cinergie.be

En attendant les robots de Natan Castay - FESTIVAL EN VILLE!

Publié le 23/01/2024 par Quentin Moyon / Catégorie: Critique

Le monde a bien changé depuis le 18e siècle. Pourtant entre le Turc Mécanique, sorte d’automate qui affrontait les plus vaillants joueurs d’échecs dans les cours européennes, et dans lequel était en fait dissimulé un être humain, et le Mechanical Turk, plateforme de microtâches fondée par Amazon, il n’y a qu’un pas.

En attendant les robots de Natan Castay - FESTIVAL EN VILLE!

Cette plateforme est le personnage principal du documentaire, En attendant les robots, réalisé par Natan Castay. On la découvre au travers des yeux innocents de Otto, incarné par Harpo Guit à qui l’on doit Fils de plouc. Alternant entre expériences de la plateforme, Otto réalisant une série de tâches répétitives et mécaniques à l’aide de son ordinateur, comme le floutage des visages sur Google Street View, l’observation de photos de foules à la recherche d’enfants disparus ou encore la notation de photos de profils masculines sur des sites de rencontres… et échanges avec d’autres aficionados qui vivent de ces maigres tâches fournies par la plateforme, le film est une vraie réflexion sur notre rapport au travail. Si la robotisation et l’arrivée de l’IA sont des questions que se posent les travailleurs de Amazon Mechanical Turk, aujourd’hui encore ce sont ces petites mains sous-payées qui agissent dans l’ombre du géant Bezosien.

Mais attendre les robots, c’est aussi remettre l’humain au centre du discours. Car de manière paradoxale, Otto va, depuis l’obscurité de sa chambre, rencontrer de nombreux compagnons de route qui se soutiennent et se conseillent au quotidien sur les rouages de la plateforme, mais plus encore échangent sur leur vie, leurs aspirations, leurs peurs.


Et pour illustrer ce monde parallèle tapie derrière nos écrans d’ordinateur, le réalisateur Natan Castay met en scène une expérience de Camera Obscura. Cet ancêtre du 7e art permet de projeter une image inversée du monde extérieur en laissant pénétrer la lumière dans un environnement clos, par un unique petit trou. Une manière de nous dire que les dessous de nos sociétés, de notre quotidien numérique, se jouent parfois dans des petites pièces sombres à l’autre bout du monde. Bienvenue dans l’upside-down !

Tout à propos de: