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L'Amérique en guerre - La seconde guerre mondiale filmée par Frank Capra, Anatole Litvak, John Ford, John Huston, William Wyler, John Sturges, Joris Ivens, Georges Stevens.

Publié le 02/11/2011 par Jean-Michel Vlaeminckx / Catégorie: Sortie DVD
L'Amérique en guerre - La seconde guerre mondiale filmée par Frank Capra, Anatole Litvak, John Ford, John Huston, William Wyler, John Sturges, Joris Ivens, Georges Stevens.

Que s'est-il passé au niveau des images entre 1933-1945 ? Qu'a-t-on tourné et qu'en reste-t-il ? Autre chose que de la propagande ? Les éditions Montparnasse nous offrent six DVD pour répondre à ces questions avec L'Amérique en guerre - La seconde guerre mondiale filmée par Frank Capra, Anatole Litvak, John Ford, John Huston, William Wyler, John Sturges, Joris Ivens, Georges Stevens. Différents angles sont abordés par des réalisateurs américains pour riposter contre le cinéma de propagande nazie prôné par le professeur Goebbels et diffusé tous les jours dans les salles européennes. Le triomphe de la volonté, la starification d'Adolf Hitler par la grande prêtresseLeni Riefenstahl, est l'un des seuls épisodes qui reste encore visible dans les cinémathèques (1).

En 1942, le président Franklin D.Roosevelt décide de contrer la propagande allemande. Il s'agit de convaincre la population d'intervenir dans la seconde guerre mondiale qui déchire l'Europe et l'Asie.

Le général Georges C.Marshal convoque Frank Capra qui appelle son ami Anatole Litvak lequel a réalisé, en 1939, Confessions d'un espion nazi. Capra lance alors la série Pourquoi nous combattons : sept films pour démontrer ce que signifient l'idée et la pratique de la race des seigneurs en utilisant des images d'archives - documentaires et fictions – et des extraits du film Triomphe de la volonté montrés et détournés façon pré-Guy Debord.

Dans ce coffret, dix-sept courts et longs métrages auxquels ont contribué les grands réalisateurs américains d'Hollywood. Ils partent caméra à l'épaule ou avec des cameramen de l'armée, sac au dos, comme le sac des combattants sur le front. Cinéma en marche et non en studio. Wylliam Wyler dans les airs, John Ford sur les mers, dans les tanks de Patton, Frank Capra partout. John Huston s'embarque dans les bombardiers de l'US-Airforce. Prélude à la guerre joue sur le rêve libéral américain face à la barbarie des forces de l'axe, le montage étant supervisé par Capra et Litvak. Plus surprenant et incroyable de nos jours, Sachez reconnaître votre ennemi : le Japon de Capra et Ivens (un libéral et un communiste réconciliés autour de la Chine en guerre). On reste pantois devant ces images de Japonais fous ou brindezingues.

Ce sommet de la propagande, bloc contre bloc, comme publicité, nous permet de poser la question sur l'intention de ces images parfois très schématiques. On y privilégie une image qui frappe plutôt qu'une investigation (lire Guerre et cinéma, la logique de la perception de Paul Virilio)

John Huston réalise les films les plus intéressants qui dépassent cette logique de la perception. Ce jeune pirate intrépide essaie d'aller dans les marges, les petites îles autour de la flotte armée des alliés. Let There Be Light (Que la lumière soit) nous montre les anciens combattants dans un hôpital militaire de l'armée avec des psychiatres qui essaient de les retaper. Superbe ! Avant cela, toujours aussi parieur et joueur, Huston monte dans les avions de combat dans le Pacifique et nous offre Les Aléoutiennes : dedurscombats pour préserverun territoire, au nord du Pacifique.Tombée aux mains de la flotte japonaise, leur armée débarquait en Alaska. Et aussi La bataille de San Pietro, autour du débarquement de la cinquième armée en Italie. Ajoutons que John Huston a collaboré à The Stranger (Le criminel) d'Orson Welles, mais qu’il n'est pas crédité au générique. Dans le film de Welles, on peut voir des images que des milliers d'américains ont vues dans les salles de cinéma et dont Georges Stevens avec John Ford ont fait un montage pour Nazi Concentration Camps, un film projeté également lors du procès de Nuremberg.

Aussi intrépide que Huston, John Ford défend la cause des alliés dans La Bataille de Midway et Pearl Harbor. Il suit, avec l'une de ses équipes, le débarquement en Normandie et les tanks du général Patton jusqu'en Allemagne.

En couleurs (Technicolor), Tunderbold : le bombardement des réseaux ferroviaires et des routes que les Allemands utilisaient en Italie par les escadrilles alliées. Le film nous offre le dépliant géopolitique de l'Italie sous la botte des fascistes et des nazis.

Les Camps de concentration nazis de Georges Stevens nous montre le visible d'un invisible que l'empire nazi cachait. La découverte des camps de concentration laisse ahuris et sans voix l'armée américaine, au point que les libérateurs vont contraindre les habitants autour de ces camps de la mort à constater leur forfait et à mettre en terre les morts qu'ils n'ont ni vus, ni entendus ni même sentis (odeur de la chair brûlée).

Le dernier film nous montre le procès de Nuremberg.

(1) Un film qui veut capturer les spectateurs, focaliser leur attention plutôt que de les impliquer (la propagande et la publicité qui lui a succédé).

L'Amérique en guerre - La seconde guerre mondiale filmée par Frank Capra, Anatole Litvak, John Ford, John Huston, William Wyler, John Sturges, Joris Ivens, Georges Stevens. Coffret de 6DVD, édité par Montparnasse, diffusé par Twin Peaks.