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La Belgique au BIFFF: une présence toujours plus importante

Publié le 15/04/2019 par Marceau Verhaeghe / Catégorie: Brève archivée

Les organisateurs du BIFFF ont toujours été très curieux de ce qui se passait autour d’eux, dans le cinéma de notre gris et joli pays. Certes, au départ, ce que nous avions à nous mettre sous la canine en termes de films belges au BIFFF était plutôt maigrelet, mais depuis quelques temps, cette présence devient de plus en plus marquée, suivant en cela le développement de notre production nationale. Depuis une dizaine d’années, les coproductions belges se multiplient dans la programmation, et pas seulement par les vertus du Tax Shelter et du programme Media de l’Union européenne, mais aussi parce que la qualité de nos professionnels est de plus en plus souvent reconnue. En 2019 neuf long-métrages purement belges ou ayant avec notre pays des rapports étroits sont au programme

La Belgique au BIFFF: une présence toujours plus importante

 

Iron Sky 2, programmé mercredi devant une salle comble (et en délire), est une idée finlandaise, puissamment soutenue par une coproduction allemande. Mais le film a été quasi intégralement tourné dans les studios anversois de AED. Que ces derniers aient été choisis pour abriter cette grosse machine à effets spéciaux illustre bien le potentiel de ce que notre pays a aujourd'hui à offrir aux professionnels. Et de nombreux autres producteurs étrangers, dont les films sont programmés au festival, sont venus travailler en Belgique avec nos compatriotes. Français tout d’abord : deux long-métrages présents, dans lesquels les maisons de production belges ont eu plus que leur mot à dire. The Room d’abord. Ce thriller fantastique horrifique à base de maison hantée est dû à la maestria de Christian Volckman. On nous dit beaucoup de bien de cette horreur glaçante et diablement efficace, coproduite par les liégeois de Versus et tournée dans une maison assez extraordinaire, à Thimister. Le réalisateur de Renaissance y met le couple formé par Olga Kurylenko et notre compatriote Kevin Janssens dans une chambre, capable d’exaucer leurs désirs les plus secrets, mais aussi de transformer leur rêve en pire cauchemar (lundi à 20h30' dans la grande salle). Play or Die, ensuite, de Jacques Kluger. La part belge y est tellement importante qu’on peut presque le dire intégralement de chez nous. Il s’agit de l’adaptation du roman Puzzle, de Frank Thilliez, qui nous transporte dans un Escape Game des plus réalistes. Roxane Mesquida et Charley Palmer-Rothwell vont y jouer (enfin jouer, cela reste à voir) à se faire peur, très peur. Enfin, … Signalons que la distribution inclut aussi notre compatriote Mustii, qui ne chantera pas, mais s’acquitte fort bien d’un rôle, petit certes, mais marquant. Le film est projeté le 18 avril à 19h).

L'Irlande fait jeu égal avec la France, avec deux coproductions très bien ficelées avec notre pays. Extra Ordinary, est une des comédies les plus attendues des amateurs. Coproduite à Bruxelles par Umedia, cette histoire de fantômes complètement déjantée sera présentée le 19 avril à 20h30'. Et A Hole In The Ground de Lee Cronin clôturera le programmation du ciné 2, le 21 avril à 21h. Ce pur film d’épouvante à l’ancienne a été coproduit par les Bruxellois de Wrong Men (Parasol de Valery Rosier et Dode Hoek de Nabil Ben Yadir, notamment).

On vient parfois même de l’autre côté de l’Atlantique pour coproduire en Belgique. Dreamland, est un projet canadien qui a trouvé un financement en Belgique et au Luxembourg. Ce thriller noir et sulfureux joue beaucoup sur une ambiance aux confins de l’onirique et du fantastique soulignée par l’incroyable trompette à la Miles Davis de Jonathan Goldsmith. Le réalisateur Bruce Mac Donald a réuni un solide casting dominé par Juliette Lewis et Henry Rollins, mais on remarque surtout le canadien Stephen Mc Hattie, impressionnant dans un double rôle. Coproduit par les luxembourgeois de Calach Films et avec un financement de Voo et de BeTV, le film est partiellement tourné dans notre pays et au Grand Duché.

Et puis il y a les purs produits du terroir. Mathieu Mortelmans fréquente le BIFFF depuis sa tendre adolescence et, devenu réalisateur, quoi de plus normal que ce soit au BIFFF qu’il réserve son premier long-métrage, Bastaard. Cette histoire qui brode sur le thème archi-connu de l’intrus venu de nulle part qui s’insinue dans une famille pour la faire éclater de l’intérieur est malheureusement assez convenue, réalisée de façon trop classique et sans véritable audace. Le Bruxellois Jelle Stroo a aussi grandi au BIFF et est venu nous présenter son second long-métrage (après Egoïste) justement intitulé La Deuxième. Il s’agit de la deuxième chance qui est offerte par un gourou à des personnes désabusées par leur vie, une chance qui n’est évidemment pas sans conséquences. On se perd un peu dans cette histoire de doubles assez hermétique et filmée qui plus est de façon très linéaire et sans véritable rupture de rythme.

Enfin, cet article ne serait pas complet si nous n’évoquions pas Arno Pluquet. Un cinéaste comme seule la Wallonie profonde, très profonde, est capable d’en produire, un candidat pour une hypothétique version 2 de Cinéastes à tout prix de Frédéric Sojcher. Au BIFFF, on le connaît bien Monsieur Pluquet, qui depuis trois ans nous ramène chaque année ses films improbables dans la petite salle 3 de Bozar. Cette année, ce digne successeur du regretté Jean-Jacques Rousseau nous propose La Mariée et les morts vivants, comédie horrifique picarde à base de zombies et d’accents toniques. Eh oui, cela aussi, c’est du cinéma, cela aussi c’est du belge, et cela aussi, c’est le BIFFF….

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